«Si seulement je ne savais pas qu’elle est leader dans le parti qui n’a pas approuvé l’adoption par la Tunisie de la convention Cedaw et qu’elle-même n’avait pas porté ce projet en tant que femme, j’aurais pensé que Madame Meherzia Labidi est la femme la plus progressiste qui soit», a assuré S.J, ingénieur en informatique après avoir entendu la députée du parti islamiste Ennahdha et présidente de la Commission «Femmes, enfance et personnes âgées» au sein de l’ARP.
Il est aussi vrai que Meherzia Laabidi coupe avec un grand nombre de députées nahdhaouies. Intelligente, cultivée, maîtrisant la communication et ayant le sens de la réplique.
Invitée jeudi 22 octobre sur les ondes de radio Cap FM pour s’exprimer à propos de son rôle à la tête de cette commission et ses positions par rapport à l’islam politique, elle a affirmé être pour maintenir les «katatib» traditionnels où l’on apprend le coran et où l’on se familiarise avec l’islam tunisien malékite et modéré.
Elle a aussi condamné les crèches et les écoles coraniques qui n’obéissent pas au cahier de charges décrété par le gouvernement et appelé à les fermer, si l’on réalise après contrôle qu’elles ne respectent pas les programmes pédagogiques adoptés par l’Etat tunisien et si leurs équipes ne sont pas bien formées et n’ont pas les compétences requises pour l’encadrement des enfants en bas âge.
Mme Laabidi a également déploré que nombre de garderies municipales ne soient pas bien équipées ou bien gérées. Sans mettre en doute la bonne foi de la députée, il faudrait quand même rappeler que pendant les années de règne de la Troïka, on a sciemment négligé d’entretenir les garderies en question et parmi elles, il y en aurait même qui auraient changé de vocation ou encore occupées par des activistes islamistes, sans parler d’une propagation sans précédent des écoles et crèches anarchiques et coraniques. Un chantier auquel le ministère de la Femme, de l’Enfance et des Personnes âgées s’attèle aujourd’hui afin de l’assainir. Objectif: doter les garderies municipales des moyens adéquats et fermer tous les établissements qui menacent la santé mentale et physique des enfants.
Meherzia Labidi a également affirmé son engagement pour lutter contre toute forme de violence physique, mentale ou verbale à l’égard des femmes, soulignant qu’elle soutiendra le projet de loi du ministère des Femmes à ce propos.
Et cerise sur le gâteau, la députée nahdhaoui qui prône un islam tunisien a annoncé son intention d’organiser des soirées musicales dans le cadre des activités de l’association qu’elle préside. «Pour moi, on ne peut pas séparer la culture de la religion».
A la question pourquoi un parti islamiste dans un pays musulman, Madame Laabidi a répondu qu’Ennahdha n’est pas un parti islamiste mais que c’est un parti qui puise ses valeurs dans la religion musulmane sans plus.
Un très beau discours que nous aimerions croire et qui pourrait être sincère de la part de la présidente de la Commission Femmes si ce n’est que la Tunisie a vécu l’apogée de l’extrémisme religieux lors du gouvernement dirigé par Ennahdha et que l’on n’ait jamais eu à souffrir d’actes terroristes aussi barbares avant la tenue du ministère de l’Intérieur et ensuite du Premier ministère par MM Jebali et Larayedh. Y aurait-t-il un rapport cause à effet?
Il n’empêche, nous ne pouvons pas ne pas relever l’éloquence, la culture et la sérénité de Meherzia Labidi, ce qui explique la place de choix qu’elle occupe au sein du parti islamiste qu’elle défend avec beaucoup de subtilité, ce qui n’est pas le cas de militants et de militantes d’autres partis!
A.B.A