Seulement 30% des besoins des malades demandeurs d’organes inscrits dans les listes d’attente sont satisfaits, a souligné le ministre de la santé, Said Aidi, à l’occasion de l’ouverture d’une rencontre organisée, samedi, à la faculté de médecine de Tunis, à l’occasion de la journée internationale et nationale de sensibilisation pour le don d’organe.
Said Aidi a appelé à cette occasion les cadres du CNPTO (Centre national pour la promotion de la transplantation d’organe) à élaborer un projet pour la promotion du don d’organe destiné à être une composante du plan du développement 2016-2020, en coordination avec les associations oeuvrant dans le domaine de la transplantation d’organes.
Face à la baisse du nombre des donneurs d’organes, le ministre a rappelé le rôle des médias dans la sensibilisation au don d’organes en tant qu’acte humaniste et sujet sensible.
Actuellement 1325 demandeurs de greffes de rein sont recensés, entre 100 et 200 cas de demandeurs de transplantation hépatique, 50 à 55 cas de demandeurs de transplantation cardiaque et entre 50 et 54 cas de transplantation pulmonaire sont recensés chaque année, a déclaré Rafika Badri, directrice générale du centre national pour la promotion de la transplantation d’organes (CNPTO), déplorant la mort chaque année de plusieurs demandeurs, faute de donneurs.
Badri a indiqué que le centre souffre d’une pénurie d’organes due au manque de donateurs décédés, mentionnant que 82% des familles refusent le prélèvement d’organes sur l’un de leurs proches après son décès.
Si le prélèvement sur un donneur vivant est une alternative possible essentiellement pour la greffe de rein, celle sur un donneur décédé (mort cérébrale) reste la solution la plus adaptée à la transplantation hépatique et pulmonaire et l’unique alternative pour la transplantation cardiaque, a révélé Rafika Badri.
A ce sujet, Badri fait savoir qu’entre 1993 et 2014, seulement 18 transplantations cardiaques ont été effectuées rappelant que le coût d’une opération de transplantation cardiaque à l’étranger s’élève à un million de dinars.
Afin d’accroître le nombre de donneurs décédés, le CNPTO est entrain d’élaborer une stratégie de communication et de sensibilisation destinée aux cadres médicaux et aux citoyens afin de dissiper les fausses idées d’ordre éthique et religieux liées aux dons d’organes ainsi que pour renforcer et rétablir la confiance du citoyen vis à vis des établissements sanitaires publics, a ajouté la responsable.
Elle a, par ailleurs, tenu à rappeler la responsabilité des médias dans la diffusion d’information exacte et responsable concernant le don d’organe, critiquant à cette occasion, la désinformation et les rumeurs relayées par le biais de feuilletons ou réseaux sociaux concernant l’existence d’un trafic d’organes en Tunisie.
“Parler de trafic d’organes en Tunisie a entraîné le manque de confiance en les établissements sanitaires publics”, a expliqué Badri soulignant à ce propos qu’aucun cas de trafic d’organes n’a été détecté en Tunisie.
Au cours de cette journée, des témoignages de personnes greffées et des donateurs ont été présentés ainsi que des interventions autour de l’histoire de la transplantation et du rôle de l’éducateur dans la diffusion de la culture du don d’organes dans les établissements scolaires.