L’ALECA, une opportunité pour la Tunisie, mais aussi un défi

L’ALECA sera une opportunité pour la Tunisie mais implique l’application d’une série de réformes, a assuré Cecilia Malmstrom, commissaire Européenne au commerce, affirmant “sa confiance en les capacités de coopération et d’entente mutuelles” .

Intervenant mardi à une conférence organisée à Tunis, sur le thème “vers une nouvelle relation Tunisie-Union Européenne : dans la perspective de l’accord de libre échange complet et approfondi (ALECA)”, la responsable européenne a souligné qu'”il est obligatoire de faire preuve de prudence dans le cadre de cet accord dont l’objectif est l’intégration progressive de la Tunisie, dans le marché de l’Union Européenne”.

“L’UE est consciente du défi qu’un tel accord peut représenter pour la Tunisie, s’agissant de l’application de réformes importantes, de la promotion d’accords commerciaux sur la base du développement durable, du respect des droits de l’homme et des libertés fondamentales et de la garantie d’un dialogue inclusif et continu avec la société civile sur le déroulement des négociations”.

S’agissant de l’application des réformes, la commissaire Européenne au commerce a fait savoir que l’UE propose une approche asymétrique et progressive en ce qui concerne les engagements en matière de rapprochement de la législation tunisienne de celle de l’UE, indiquant que cette dernière est prête à introduire un paquet de mesures d’accompagnement pour soutenir les négociations et la mise en œuvre du futur accord ainsi que la mise à niveau de certains secteurs, clés tels que l’agriculture et les services.

Pour ce qui est de la contribution au développement durable, elle a indiqué qu’un chapitre consacré aux normes fondamentales du travail et au respect des accords multilatéraux en matière d’environnement sera inclu dans le cadre de l’ALECA avec la Tunisie. Ce chapitre couvrira d’autres questions liées au développement durable, telles que la responsabilité sociale des entreprises et le commerce éthique.

Et d’ajouter que l’UE a besoin de s’assurer du respect des droits de l’hommes et des libertés fondamentales, question déjà abordée dans le cadre de l’accord d’association.

Pour sa part, le ministre du Commerce, Ridha Lahouel, a indiqué que la Tunisie est déterminée à réussir ces négociations et à assurer les conditions nécessaires pour les finaliser dans les meilleurs délais, sur la base d’une approche participative incluant toutes les composantes de la société civile.

“Les négociations commenceront le 19 Octobre courant, sur les points litigieux entre les deux parties. La partie tunisienne va tenir compte de tout ce qui est avantageux pour le pays et retarder les négociations pour certains secteurs tels que l’agriculture qui doit bénéficier d’un programme de mise à niveau lui permettant d’être plus compétitive”, a -il fait savoir.

Les attentes de la Tunisie de cet accord, a t-il relevé, sont importantes notamment en matière d’accès des produits et services tunisiens au marché européen et de développement des investissements directs étrangers en Tunisie, appelant l’UE à “accorder les facilités nécessaires aux prestataires de services tunisiens, en allégeant ou supprimant les procédures de visas et à reconnaitre les diplômes et qualifications des tunisiens”.

Le ministre a précisé que l’ALECA qui constitue un instrument juridique, permettra à la Tunisie et l’UE d’aller au-delà du simple établissement d’une zone de libre échange vers un espace économique commun, à travers une intégration plus profonde dans le marché unique européen qui accapare le quart des échanges mondiaux et des investissements étrangers.

Cette intégration, a-t-il dit, sera axée sur la dynamisation des flux d’investissements, la promotion des synergies industrielles et agricoles, le redéploiement des activités de services et la mise en œuvre de politiques communes en matière de recherche- développement et d’économie de la connaissance.

Pour Sadok Belhadj Houcine, expert auprès de l’UGTT, si les négociations relatives à l’ALECA sont bien gérées et tiennent compte des effets négatifs qu’a eu l’accord d’association (1995), sur l’emploi, le développement, la protection sociale et les équilibres financiers du pays, la Tunisie pourrait profiter des aspects positifs du nouvel accord sur le développement,l’emploi et la croissance.

En outre, la partie européenne doit s’engager à appuyer la démocratie tunisienne. Pour cela l’ALECA doit introduire une mobilité effective de la main d’œuvre et des personnes et tenir compte de la sensibilité de certains secteurs tels que l’agriculture qui n’a pas de capacités compétitives, -t-il conclu.

En 2014, les exportations vers l’UE ont représenté 74,3% du total des exportations tunisiennes alors que 52,8% du total des importations nationales en proviennent.

La Tunisie et l’UE ont signé en 1995 un accord d’association qui visait principalement l’instauration d’une zone de libre échange, mais dont la portée s’est limitée à la suppression progressive des droits de douane sur les produits manufacturés ainsi que la mise en place de quelques concessions pour les échanges des produits agricoles.