Au moins mille Tunisiens, toutes catégories confondues, ont convergé, samedi, vers l’avenue Habib Bourguiba dans la capitale pour réclamer le retrait du projet de loi sur la réconciliation économique et financière proposée par la présidence de la République.
A cet égard, deux marches ont défilé à l’avenue Habib Bourguiba pour dire « Non » à ce projet de loi : la première a été organisée à l’initiative de la « Rencontre nationale civile et Politique composée notamment du Front populaire et du parti Al-Massar, alors que la deuxième a été convoquée par un collectif de partis regroupant Al- Joumhouri, Ettakattol, le Courant démocrate, le mouvement Echaab et l’Alliance démocratique, en plus de sympathisants de la campagne « Je ne pardonne pas ».
Bien qu’elles aient suscité des craintes de répression, d’intimidation et de violence, les deux marches se sont déroulées sans incidents. Les manifestants ont scandé des slogans hostiles au projet de loi tels que « Non à la loi sur la réconciliation », « Non au blanchiment de la corruption et des voleurs » et « Pas de concession sur notre droit de manifester ».
Présent à cette manifestation, le porte-parole du parti Al-Joumhouri, Issam Chebbi a mis en garde contre ce projet de loi qui, par-delà sa propension à donner libre cours à la corruption, il est anti-constitutionnel et non conforme à la loi, jugeant indispensable de faire front commun pour invalider et casser ce projet de loi.
« De par sa consécration du principe de l’impunité, ce projet de loi risque de diviser les Tunisiens, de blanchir la corruption et d’appauvrir le peuple, a, pour sa part, indiqué le Secrétaire général du Mouvement Echaab, Zouheir Maghzaoui.
La véritable réconciliation, a-t-il affirmé, doit s’appuyer notamment sur la reconnaissance des torts, le principe de redevabilité et la révélation de la vérité. Selon l’élu du Front populaire à l’Assemblée des représentants du peuple (ARP), Fathi Chamkhi, la loi sur la réconciliation économique a empiété sur celui de la justice transitionnelle qui, selon lui, suppose de mettre en œuvre le mécanisme de reddition des comptes avant d’opérer la réconciliation.
Ce projet de loi, a-t-il noté, va subir une forte pression à l’hémicycle du Bardo pour le supprimer, voire l’amender pour s’adapter au processus de redevabilité qui accompagne toutes les révolutions.
Pour le dirigeant au FP, Ammar Amroussia, « rien ne peut justifier le blanchiment de ceux qui ont pillé l’argent public sans qu’ils ne rendent des comptes ».
La justice transitionnelle exige la reddition des comptes avant la réconciliation, a-t-il souligné.
Le porte-parole de la campagne « Je ne pardonne pas », Me Charfeddine Kellil, a, quant à lui, invoqué le retrait du projet de loi sur la réconciliation économique et financière pour éviter que le pays ne soit soumis à davantage de tension.
« Ce projet de loi est une catastrophe et ne fait qu’attiser le feu de la discorde et de la division », a-t- il lancé.