La campagne bat son plein. Entre ceux qui s’y opposent et ceux qui y adhèrent! En soi, la question a été déjà posée plusieurs fois et avec tout le sérieux nécessaire pendant les 3 années de la Troïka, sans aboutir à des réponses claires. Elle a permis quand même d’introduire dans le débat public la question de la gestion des ressources naturelles du pays quelles qu’elles soient -pétrole, phosphate, gaz, sel, etc.
Nous parlons de la campagne sur le Facebook tunisien qui s’est déclenchée ces derniers jours sous le titre «WINOU EL PETROL?» (Où est le pétrole?), sous-entendu notre pétrole… L’engouement de la toile tunisienne est immédiat!
La question se pose en plus en lien avec les derniers événements à El Faouar et à Gafsa, et même à Dhehiba et Tataouine avant cette date …
Les accusations de manipulation ne se sont pas fait attendre et le parti Ennahdha et le CPR ont été les premiers accusés évidement, car la plupart des initiateurs de la campagne sont des sympathisants de ces partis.
Il est évident que la campagne en question n’est en aucun cas spontanée et les calculs politiques ne sont pas absents. On se rappelle opportunément des prises de position de la part de certaines personnalités politiques comme Moncef Marzouki, comme on se rappelle des slogans et des manipulations de la campagne électorale visant à pousser les habitants du sud à se rebeller contre l’Etat spoliateur et les «représentants du RCD»!
Slaheddine Dridi, professeur à l’IPSI et spécialiste en communication, écrit à propos de cette affaire sur sa page Facebook jeudi 28 mai: «cette campagne est le fruit d’une double tare: la sous-information et la désinformation! Sous-information, quand l’appareil communicationnel ne nous informe pas correctement sur l’état de nos richesses énergétiques, et désinformation, quand le peu d’informations qui existent sont dénaturées et utilisées à des fins partisanes!».
Il faut dire d’abord que presque personne ne s’est jamais intéressé au «Code des hydrocarbures» qui réglemente ce secteur depuis des années. Il est impératif que les autorités concernées, ministère de l’Industrie et ETAP en premier lieu, communiquent ouvertement sur ces richesses et expliquent au moins dans les grandes lignes les contrats en cours. Ils ont attendu le déclenchement de cette campagne de manipulation mais ils se sont exprimés en partie.
Ainsi, le ministre de l’Industrie, de l’Energie et des Mines, Zakaria Hamad, a indiqué sur Cap FM, que «l’opinion publique est en droit de connaître les réserves pétrolières de son pays», ajoutant que «certaines allégations à ce sujet sont très exagérées» et assurant que «les informations officielles à ce sujet sont très précises». Il a ajouté: «les permis d’exploration sont délivrés conformément au texte de la Constitution et sous le contrôle de l’Assemblée».
De son coté le directeur général de l’énergie au ministère de l’Industrie, de l’Energie et des Mines, Ridha Bouzouada, a indiqué à la presse que la Tunisie produit à peine 55.000 barils de pétrole/jour et 6,9 millions de m3 de gaz/jour. Ridha Bouzaouada a annoncé que «le nombre des puits de pétrole découverts en Tunisie depuis 1932 est de 750 puits, toutefois, les puits en cours d’exploitation ne dépassent pas les 39». Il a précisé que la production de la Tunisie en pétrole équivaut à peine 1% de la production de l’Algérie.
Le directeur général de l’ETAP, Mohamed Akrout a qualifié la campagne de «roman» précisant que c’est le fruit de l’imagination de certains et de la manipulation d’autres. Il a confirmé le chiffre de 55.000 barils de pétrole de production quotidienne précisant qu’il est récemment tombé à 51.000 seulement à cause de l’arrêt de deux puits dans la région de Kibili. Ila ajouté que la production nationale en gaz est de 6,9 millions de m3 et qu’elle ne couvre que 45% de la consommation nationale le reste provenant de la taxe sur le pipeline ou d’achat de l’Algérie.
Nul doute que l’administration tunisienne n’a pas l’habitude de la transparence et nul doute que les conditions d’octroi des permis d’exploration et d’exploitation des richesses nationales doivent être améliorées vers plus d’équité et de transparence. Pour les initiateurs de cette campagne, et en mettant à part leur désir de manipulation, c’est peut-être une autre façon de s’opposer au gouvernement et, partant, d’exister politiquement.
Ali Laïdi Ben Mansour