A chaque fois que des ouvriers manipulés ou mécontents décident de fermer une usine privée ou un établissement public, eh bien rien de plus facile: ils montent des piquets de grèves et des tentes devant les portes des usines en question et empêchent leurs collègues d’y accéder. Parfois ils renforcent leurs rangs par des délinquants ou les recrues des ligues de «protection de la révolution» lesquelles, en l’absence d’élections proches, ont besoin de s’entraîner à semer le chaos partout. Et d’ailleurs, sait-on qui tire profit de la déstructuration du tissu économique tunisien? Qui paye les activistes et qui veut déstabiliser, donc, l’État?
Personne ne s’en soucie. Le parquet est ailleurs. Serait-il lui-même dans la logique de la défense des droits des «présumés zoualoulas», lui qui est censé appliquer la politique pénale de l’État?
Il suffit de voir les différentes définitions du rôle du parquet pour voir qu’elles se résument en une: «le ministère public ou le parquet (ou encore les magistrats “debout“ par opposition aux magistrats du siège) est l’autorité (principalement composée de magistrats, parfois représentée par d’autres personnes comme des fonctionnaires de police) chargée de défendre l’intérêt de la collectivité et l’application de la loi. Le ministère public peut exercer l’action publique pour les infractions pénales causant un trouble à l’ordre public et être à l’initiative des poursuites (ou des non-poursuites). Susceptible d’intervenir devant toutes les juridictions de l’ordre judiciaire, il n’a jamais vraiment exercé le même rôle dans l’ordre administratif, à part devant les juridictions financières».
Où en est notre parquet de cette définition et de la défense des droits de la collectivité? Nous ne pouvons prétendre disposer de chiffres exacts, mais nous présumons que des centaines si ce n’est des milliers de plaintes sont déposées auprès des différents procureurs de la République dans notre pays et de ses substituts avec pour seule réaction un silence strident! Cerise sur le gâteau, une grève d’une semaine où les défenseurs des droits des citoyens et de la collectivité ont oublié que, éthiquement parlant, ils ne peuvent s’autoriser des grèves aussi longues, les intérêts de leurs concitoyens et du pays y dépendent. Patriotisme dites-vous? Plutôt corporatisme et ces deux maîtres mots «après moi le déluge»!
Les exemples sont devenus légion, après la CPG à Gafsa, Petrofac à Kerkennah, Misfat à Tunis -qui a déposé nombre de plaintes en attendant la réaction du procureur-, une entreprise de confection, totalement exportatrice, installée à Tyna, est en arrêt à cause de 40 ouvriers qui ont interdit à près de 550 personnes d’exercer leurs droits au travail. Ceci sans aucune couverture syndicale, en témoigne le secrétaire général-adjoint de l’Union régionale de travail à Sfax (URT), chargé du secteur privé, Mohamed Abbès.
Les membres de l’UGTT ont appelé le gouverneur à intervenir pour mettre fin au sit-in qui dure depuis vendredi dernier. Pire, il paraît, selon Mohamed Abbès, secrétaire général adjoint de l’Union régionale du travail à Sfax, aucun effort n’a été fait par les autorités régionales pour mettre fin à cette mascarade à tel point que la garde nationale elle-même s’en est mêlée mais pas pour les bonnes raisons: «Il y a des membres de la garde nationale qui, au lieu d’intervenir pour protéger les ouvrières qui veulent travailler, sont allés jusqu’à leur demander de rentrer chez elles».
On aura tout vu !
W mazzel, mazzel. En attendant, le Maroc jubile et c’est tant mieux pour le Royaume alaouite: il accueille tous les créateurs de richesses malmenés chez nous pour les entourer de toutes les attentions chez lui. Quoi de plus logique, n’est-ce pas le meilleur moyen d’embaucher les jeunes et de désamorcer la bombe biologique «diplômés chômeurs» avant qu’elle n’explose comme ce qui s’est passé en Tunisie?
La Tunisie où la logique des bandits surplombe celle de l’Etat!
Amel Belhadj Ali