Lors des dernières élections, les médias ont joué un rôle central dans la configuration du nouveau paysage politique.
Ce constat a été relevé lors d’une rencontre organisée samedi à Tunis à l’initiative de l’Association « Vigilance pour la démocratie et l’Etat civil », en présence d’experts et de professionnels du secteur. Selon la présidente de l’association Neziha Rejiba, les élections législatives et présidentielle ont consacré le règne des « mafias médiatiques ».
Elle impute aux médias toutes les faiblesses ayant marqué le processus électoral. Nouri Lajmi, président de la Haute autorité indépendante de la communication audiovisuelle (HAICA) parle de lacunes au niveau de la loi organisant l’instance qui s’est souvent trouvée acculée à choisir entre répression des infractions et garantie de la liberté de la presse.
Pour Lajmi « le chemin est encore long et ardu face à l’obstination des chefs d’entreprises médiatiques à se placer au dessus des lois ». Riadh Ferjani, membre de la HAICA, estime, de son coté, que les tiraillements et la polarisation politiques, ont nettement affecté le rendement des médias audiovisuels citant l’exemple des chaînes TV privées Nessma et la Zitouna. Les résultats d’un monitoring réalisé par la HAICA relève l’absence d’une ligne éditoriale dans certaines chaînes privées à l’instar d’ «Al Hiwar Al Tounsi ».
Pour l’audiovisuel public, l’étude pointe une certaine « introversion et crainte » dans l’attitude de ces médias qui s’explique par le format des programmes réservés aux campagnes électorales. L’absence d’un plan clair pour ces programmes a été, également, constatée. L’on note aussi que le refus de certains acteurs politiques de participer à ces programmes TV a largement profité au candidat Hechmi Hamdi.
L’universitaire Hamida Bour déplore l’absence d’une vision claire sur la mission et les méthodes de gestion de l’information publique. Elle a relevé que lors des campagnes électorales, les médias publics ont été « accablés » par les émissions d’expression directe.
Rachida Enneifer, membre de la HAICA, a critiqué certaines décisions « étranges » imposées uniquement aux médias audiovisuels publics, relatives aux règles de la couverture des campagnes. Elle a expliqué que le monopole des élections par l’ISIE avait provoqué un conflit entre la HAICA et l’instance électorale et rendu difficile la prise de décisions conjointes concernant les règles fixant la couverture des campagnes électorales.
Pour sa part, l’universitaire Larbi Chouikha, a estimé que le climat politique était dépourvu des conditions objectives nécessaires pour le bon déroulement de la campagne et la crédibilité des institutions concernées.
Le conflit entre la HAICA et l’ISIE qui a nécessité la saisine du Tribunal administratif, traduisait une crise de confiance entre les deux instances et une tendance vers la marginalisation des institutions, a-t-il fait observer.