Les partis en lice pour les élections législatives ont ignoré dans leurs programmes électoraux les enfants âgés de 0 à 14 ans dont le nombre est assez important en Tunisie.
Plusieurs experts expliquent ce désintérêt par le fait que cette catégorie ne représente pas un poids électoral puisqu’elle ne peut pas encore exercer le droit de vote.
Le peu d’intérêt manifesté par certains partis à l’égard du secteur de l’enfance se limite à l’enseignement primaire sans aucune allusion aux autres aspects de la vie de l’enfant avec omission totale de la période de la petite enfance.
Pour le président de l’association tunisienne de défense des droits de l’enfant, Moez Cherif, l’approche adoptée par les partis dans leurs programmes électoraux n’est pas conforme à celle des droits de l’homme à commencer par la convention internationale des droits de l’enfant.
La plupart des programmes électoraux mettent l’accent sur la qualité de l’enseignement, ignorant totalement que l’école est un espace d’éducation à la citoyenneté et un milieu favorisant l’épanouissement de l’enfant qui doit pouvoir s’exprimer et faire part de ses attentes et préoccupations. L’exclusion de l’enfant des programmes électoraux aussi bien des partis politiques que des listes indépendantes s’explique aussi, selon, Chérif par la mentalité qui prévaut dans la société et qui n’accorde aucun intérêt à l’enfant en tant que personne à part entière dont les droits doivent être respectés.
Il a fait remarquer que la plupart des consultations nationales organisées dans les différents secteurs n’ont pas donné la parole aux enfants qui sont directement concernés par ces consultations élaborées au profit des générations futures.
Cherif a appelé tous les partis politiques et les responsables de l’Etat à accorder davantage d’intérêt aux enfants, expliquant la réticence des jeunes à voter par le fait qu’ils n’ont pas été éduqués à l’importance d’exercer ce droit depuis leur jeune âge. Le professeur de sociologie et de développement humain, Belaid Awled Abdallah a souligné que les programmes électoraux, en général, ne font aucune allusion à la question relative au développement du code de protection de l’enfance et aux institutions de protection de l’enfance.
Ces programmes ne comportent pas de propositions concernant la création de mécanismes garantissant la protection et l’intégration des enfants à travers le traitement de sujets importants tels que le cartable scolaire, l’abandon scolaire, l’horaire scolaire, les manuels scolaires et les cantines scolaires.
Slaheddine Jourchi, journaliste et politologue a souligné que les programmes électoraux n’ont pas exclu les enfants seulement mais plusieurs autres catégories sociales. Ceci s’explique, à son avis par le fait que les partis politiques n’ont pas une vision claire et exhaustive des différentes composantes de la société tunisienne et des secteurs prioritaires dont celui de l’enfance.
“Les partis et les listes indépendantes en lice ne s’intéressent qu’aux électeurs. Il se trouve, malheureusement, que les enfants ne font pas partie du corps électoral” a-t-il dit.
Les enfants âgés entre 0 et 14 ans constituent 23,5pc de la population tunisienne estimée à 11 millions d’habitants, selon les derniers chiffres de l’Institut national de la Statistique.