Des ONG tirent la sonnette d’alarme contre des actes de torture présumés en Tunisie

La torture et les mauvais traitements perdurent en Tunisie dans le milieu carcéral et les conditions de détention demeurent déplorables, ont mis en garde, jeudi, 24 organisations et associations de droits de l’Homme, dans une déclaration conjointe.

Les organisations signataires évoquent deux cas de décès provoqués, selon eux, par la torture et les mauvais traitements. Mohamed Ali Snoussi, un jeune de Mellassine (quartier de l’Ouest de Tunis), ayant fait l’objet le 24 septembre dernier d’une interpellation violente et humiliante, selon les témoignages de la famille et des amis, aurait passé les 6 jours de sa garde à vue sous la torture ce qui a conduit à son hospitalisation, lit-on dans le communiqué. Il est décédé le 3 octobre.

Le prisonnier Ali Ben Khmiss Louati a connu le même sort, et ce malgré plusieurs correspondances de l’Organisation contre la torture en Tunisie, aux autorités compétentes pour dénoncer les agressions qu’il aurait subies à la prison de Borj El Amri, indique la même source. De nombreuses plaintes ont été déposées et plusieurs enquêtes, aussi bien administratives que judiciaires, ont été ouvertes mais qui n’ont pas abouti, ce qui aggrave, selon le communiqué, la culture d’impunité.

Face à la situation préoccupante des droits humains en Tunisie, les organisations signataires exhortent les autorités tunisiennes au respect total des engagements nationaux et internationaux et, surtout, à prendre des mesures drastiques et efficaces pour venir à bout de la torture et des traitements cruels, humiliants et inhumains en Tunisie. Les organisations signataires sont:

-Amnesty international -Association internationale pour le soutien des prisonniers politiques -Association justice et réhabilitation -Association Al Karama -Association tunisienne des femmes démocrates -Association tunisienne des jeunes avocats -Centre tunisien pour la justice transitionnelle -Conseil national des libertés en Tunisie -Coalition tunisienne contre la peine de mort -Coordination nationale indépendante pour la justice transitionnelle -Réseau doustourna -Réseau euro-méditerranéen des droits de l’Homme -Fédération internationale des ligues des droits de l’Homme -Forum méditerranéen de la mémoire -Freedom without borders -Justice pour les anciens militaires -Liberté et équité -Ligue tunisienne des droits de l’Homme -Observatoire Chahed -Organisation contre la torture en Tunisie -Organisation mondiale contre la torture -Observatoire tunisien des prisons -Organisation tunisienne pour les réformes pénales et sécuritaires -Réseau tunisien pour la justice transitionnelle

Le ministre de l’Intérieur, Lotfi Ben Jeddou, avait démenti, jeudi dernier, dans une déclaration aux médias, l’existence de politique de torture en Tunisie après la Révolution. Pour sa part, le président de la République provisoire, Mohamed Moncef Marzouki, avait chargé ces conseillers juridiques de mener une enquête au sujet du décès de Mohamed Ali Snoussi.