Les trois présidents ont appelé, vendredi, les Tunisiens à la cohésion face au péril terroriste, estimant que la participation massive aux prochains scrutins sera “la réponse la plus cinglante au terrorisme et le meilleur moyen de déjouer ses plans visant à compromettre le processus de transition en fin de parcours”.
S’exprimant tour à tour lors de la séance solennelle commémorative de la proclamation de la République au Palais du Bardo, ils ont souligné tous les trois que “la guerre contre le terrorisme commande de l’endurance, du temps et de la vigilance de tous les instants, mais aussi une stratégie sécuritaire et la mobilisation de tous les moyens nationaux pour venir à bout de ce fléau”.
Ils ont, également, souligné la nécessité de bien équiper les forces militaires et sécuritaires et de parfaire leur encadrement pour face au terrorisme avec le maximum d’atouts, parallèlement à l’activation de la coordination régionale pour circonscrire d’autant plus ce fléau qu’il représente désormais une menace pour le monde planétaire”. Ils ont rappelé à ce propos le lourd tribut payé de leur vie par des militaires et des sécuritaires et par les martyrs Chokri Belaid et Mohamed Brahmi.
Les trois présidents se sont dit confiants en la capacité de la Tunisie de remporter sa guerre contre le terrorisme, réitérant la fidélité à la mémoire des martyrs et la reconnaissance à leur combat pour la liberté, la dignité et la démocratie.
Le président de l’Assemblée nationale constituante, Mustapha Ben Jaafar, a mis l’accent, à ce propos, sur l’impératif de poursuivre, vaille que vaille, le combat de la patrie contre les ennemis de la démocratie. Il a ajouté en substance:
“Nous vaincrons tous ceux qui cherchent à s’en prendre à nos acquis nationaux. Le sang de nos martyrs n’aura pas été vain tant notre détermination est grande d’éradiquer le terrorisme dont nous ruinerons les visées porteuses de chaos et de désolation”. Notre combat contre le terrorisme en est à ses débuts, a ajouté Ben Jaafar. Aussi, devons-nous nous préparer à une bataille de longue haleine qui nous commande beaucoup de vigilance, la mise en place d’une stratégie cohérente, le renforcement du travail de renseignement pour porter encore plus de coups et une coordination régionale plus efficiente.
Ben Jaafar a invité toutes les parties prenantes nationale à ne ménager aucun effort pour assurer le succès de l’étape à venir, ultime étape de la transition vers l’avènement de la 2e République. Quant au président de la République provisoire, Mohamed Moncef Marzouki, il a surtout insisté, dans son allocution, sur la nécessité de mobiliser tous les efforts pour le succès des élections législatives et présidentielle, annonçant au passage avoir signé, la veille, l’arreté républicain portant convocation du corps électoral aux dates fixées par l’ISIE.
Marzouki s’est également réjoui des efforts de la société civile en faveur de la conclusion d’une Charte d’honneur entre les divers acteurs politiques en vue de l’instauration d’un climat favorable aux prochaines élections, appelant le peuple tunisien à participer massivement à cette échéance “d’autant plus capitale qu’elle déterminera le destin du pays, non seulement pour les cinq années mais pour les décennies à venir”.
Marzouki a souligné que le succès de la Tunisie est tributaire du renforcement de l’unité nationale et du bannissement des litiges politiques et de la discorde sociale que les bandes terroristes cherchent à provoquer artificiellement, car se sachant incapables d’inquiéter l’Etat, encore moins de le vaincre par les armes.
L’anéantissement de leurs plans passe par le rejet de la terreur et la poursuite du cours de la vie tout en gardant le moral et l’esprit positif, a-t-il ajouté. Il a appelé à renforcer les rangs des institutions militaires et sécuritaires et à les soutenir matériellement et moralement estimant que le défi réel ne réside pas, seulement, dans la lutte armée contre le terrorisme mais, aussi, dans la protection des droits de l’Homme et des libertés de conscience, de culte et d’opinion, ainsi que la liberté vestimentaire, et celle de manifester, outre le bannissement de la torture et de la discrimination entre les citoyens.
Le chef du gouvernement provisoire, Mehdi Jomaa, a souligné, pour sa part, que les récentes mesures prises par le gouvernement dans le cadre de la cellule de crise ne sont pas contraires aux droits de l’Homme, ajoutant qu’on ne peut, véritablement, parler de République qu’avec le rétablissement de l’autorité de l’Etat et de la souveraineté de la loi et de la justice contre l’anarchie et pour la protection du citoyen et de ses biens. Nous sommes désormais persuadés que le terrorisme est devenu une donnée constante qui pourrait menacer la transition démocratique, a dit Jomaa.
Et d’ajouter, le devoir nous commande de prendre des mesures urgentes pour sévir contre ceux qui menaceraient la sécurité du pays, surtout à la lumière des graves développements dans la région. Jomaa a exalté les réussites de l’institution sécuritaire dans sa lutte contre le terrorisme et ses succès dans le rétablissement de la sécurité et la prévention des débordements. Il a réitéré l’engagement de son staff gouvernemental à faire aboutir les prochaines élections et à préserver le processus transitionnel contre la menace terroriste, appelant les Tunisiens à se faire inscrire en masse sur les listes d’électeurs.
Le chef du gouvernement a, par ailleurs, insisté sur la nécessité de restructurer l’économie nationale précisant que la transition démocratique ne peut réussir sans la réalisation d’une mutation économique et sociale pour répondre aux aspirations des générations futures et rester fidèles aux martyrs de la Révolution. Jomaa a fait remarquer que la Tunisie a de nouveau la confiance des pays partenaires à la faveur de l’action diplomatique menée tous azimuts.
Les amis de la Tunisie, a-t-il dit, attendent un signal fort du retour de la stabilité au niveau de la sécurité, de l’économie et de la politique pour lui apporter une nouvelle tranche d’aides. Le chef du gouvernement a considéré que le dialogue économique mené avec la société civile commence à donner ses fruits, ce qui, a-t-il expliqué, apparaît à travers la batterie de mesures urgentes mises en place pour assurer l’équilibre budgétaire dans le cadre de la loi des finances complémentaire pour 2014 et le budget 2015 de l’Etat, outre l’élaboration d’une nouvelle conception du schéma de développement pour la période post-électorale.