Ennahdha doit à être à l’écoute de son environnement
Ce message semble s’adresser au parti tunisien Ennahdha. Ce mouvement qui, par l’effet de son attachement à la chariaâ, au Califat et à l’islamisation radicale de la Tunisie, a connu un échec cuisant après presque trois ans au pouvoir, mais qui risque, malgré tout, de le retrouver en raison de la débandade de l’opposition.
Ennahdha se doit donc de tirer de précieux enseignements de deux événements: l’anéantissement de ses aînés, en l’occurrence les Frères musulmans en Egypte, après la déposition, en juillet 2013, de leur président par l’armée; et la (grande) sagesse du Parti marocain de la Justice et du développement (PJD).
Ce parti, en acceptant la dépolitisation des gestionnaires du sacré (imams), a aidé les Marocains à intégrer la lumière de l’Histoire, à prendre un raccourci heureux et à franchir un pas important sur la voie de la véritable modernité et de la sécularisation salutaire (laïcité à l’anglo-saxonne).
Le Maroc est désormais engagé dans «un processus par lequel les institutions, les pratiques et croyances religieuses perdent leurs significations sociale», processus qui, empressons-nous de le préciser, n’implique pas nécessairement ni la disparition des institutions religieuses, ni l’arrêt des pratiques religieuses, ni la perte totale de la foi religieuse.
C’est pourquoi, les nahdhaouis qui, au temps où ils détenaient tous les pouvoirs, avaient empêché, par tous les moyens, la mise en application du décret 115 (code de la presse), particulièrement de l’article 51 qui prévoit une peine d’emprisonnement «pour toute personne qui incite à la discrimination, à la haine et à la violence, ou prépare des idées fondées sur la ségrégation raciale, l’extrémisme religieux ou sur les conflits régionaux et tribaux», se doivent de se prononcer clairement sur la neutralité effective des mosquées et sur la séparation entre le politique et le religieux.
Dans le cas contraire, Ennahdha, qui continue jusqu’à aujourd’hui à blanchir ses imams djihadistes et à les promouvoir du stade de prédicateurs de quartiers en animateurs de télévision (manipulateurs de foule), aura choisi la voie du suicide. Quant à l’accomplissement de cet acte, c’est simplement une question de temps.
La religion, un bonheur illusoire
Par delà les points de vue des uns et des autres et au-delà de l’anticipation du PJD et des limites des nahdhaouis, il faut reconnaître que le débat sur la séparation entre le religieux et le politique est un débat vieux comme le temps. Si le monde musulman est encore en butte avec cette problématique, cela prouve qu’il est très en retard par rapport aux autres peuples du monde.
Ces mêmes peuples qui ont bien compris que la religion est comme la drogue, une illusion, un monde fantastique produit par notre imaginaire, dans lequel l’individu se réfugie pour oublier sa propre misère. Conséquence: la religion mal comprise est donc un poison qui ne s’attaque pas aux causes véritables qui nous font souffrir et qui nous font désirer un remède à nos souffrances. C’est une fausse solution à un vrai problème.
D’où la nécessité de critiquer la religion et surtout le commerce dont les gourous en font. Il s’agit de dénoncer cette tendance à réclamer un bonheur illusoire qui n’arrivera jamais et à supprimer ce besoin pour construire un bonheur réel, terrestre et non plus céleste.
La liberté de l’homme (homo aequalus) en est hélas largement tributaire.