Tunisie : Plus de 20 avocats au procès du blogueur et activiste Aziz Amami

De 150 à 200 personnes manifestaient bruyamment ce vendredi devant le Palais de justice de Tunis au même moment où s’y tenait le procès très médiatisé du blogueur et activiste Aziz Amami et du photographe Sabri Ben Mlouki. Des slogans hostiles au ministère de l’intérieur et pour la liberté fusaient.

Les avocats des deux prévenus ont qualifié de “politique” ce procès et disent n’accorder aucun crédit à l’accusation de consommation de stupéfiants invoquée pour justifier leur l’arrestation et l’engagement de poursuites à leur encontre.

Un des avocats présents, Oussama Helal, a estimé dans une déclaration à l’agence TAP qu’il s’agit ” d’un procès politique monté de toutes pièces ” et des ” poursuites en violation des dispositions de la nouvelle Constitution”. “Les charges retenues contre Aziz Amami sont la détention de résine de cannabis et la consommation de substances inscrites au tableau B des stupéfiants”, indique l’avocat à la TAP.

“Or, a-t-il argumenté, aucune analyse biologique n’a été effectuée, sans oublier plusieurs vices de forme”.

Me Ghazi Mrabet, a, pour sa part indiqué que “Aziz Amami et Sabri Ben Mlouka” auraient été arrêtés le 12 mai à la Goulette pour consommation de stupéfiants alors que tous les deux ont refusé de se soumettre à l’expertise biologique par la police judiciaire, la loi stipulant que c’est à un médecin d’effectuer ce prélèvement” dit-il.

“C’est un procès politisé, sans rapport aucun avec la consommation de stupéfiants”, selon ses termes. La police a tenté de coller à Aziz Amami une affaire, sachant qu’il est un militant politique et des droits de l’homme depuis plusieurs années”, a-t-il ajouté.

D’après lui, “le 12 mai, Amami avait révélé dans l’émission “Labès” sur la chaîne Ettounsiya que le 14 janvier 2011, les agents du commissariat de la Goulette avaient eux-mêmes mis le feu à ce commissariat”. “C’est pour nous le déclencheur de l’affaire Aziz Amami et les agents de la police auraient effectué cette arrestation” selon lui.

Le procès a démarré en présence des représentants des médias nationaux et internationaux et des membres des familles à la salle d’audience de la 8e Chambre correctionnelle du tribunal. Une vingtaine d’avocats dont le coordinateur des projets d’Avocats Sans Frontières s’y pressaient. Aziz Amami a déclaré en début d’audience au juge avoir été battu par des policiers lors de son arrestation et qu’il avait eu une fracture du nez. L’avocate Najet Yaacoubi a plaidé la présomption d’innocence sans aucun besoin de recourir à l’analyse biologique.

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