Le président de la République provisoire, Moncef Marzouki, a présenté, jeudi, « les excuses de l’Etat tunisien» aux victimes de la torture et à leurs familles durant les 50 dernières années. Cette déclaration intervient à l’occasion de la célébration de la Journée nationale de lutte contre la torture, au Palais Dhiafa, à Carthage.
Marzouki a, par la même occasion, appelé la société civile à la vigilance pour empêcher que l’Etat ne trouve justifications aux comportements attentatoires à la dignité humaine.
« Soyez sûrs que l’Etat s’employera à combattre la torture et à réhabiliter les victimes de ce fléau », a-t- il lancé, soutenant qu’il veillera à ce que de tels atteintes et atrocités ne se reproduisent plus.
« La protection de l’intégrité physique et la sécurité des citoyens sont parmi les priorités de l’Etat », a-t-il relevé en substance. Et d’ajouter : « La lutte contre la torture n’est pas une bataille occasionnelle mais un combat de tous les jours ( ) qui requiert de trouver des mécanismes sociétaux pour observer et éradiquer ce fléau ».
Marzouki a, en outre, expliqué que la corruption et la torture sont des pratiques qui existent dans tous les régimes politiques, notant que les lois ne peuvent, à elles seules, éradiquer le fléau de la torture. Cela nécessite, a-t-il dit, une évolution au niveau des mentalités et une société civile solide pour faire face à ce phénomène et à ses commanditaires.
Marzouki a passé en revue, au début de son allocution, les circonstances qui ont entouré le choix de la date du 8 mai pour célébrer la journée nationale de lutte contre la torture.
C’était, a-t-il dit, ma proposition personnelle pour commémorer le décès, le 8 mai 1987, du militant Nabil Barakati (Parti des Travailleurs), estimant que « cette commémoration représente une victoire remportée sur tous les tortionnaires et bourreaux ».
Cette victoire nous la devons à la révolution et aux révolutionnaires qui se sont sacrifiés pour que les Tunisiens puissent profiter de cette liberté, a-t-il soutenu. Pour leur part, les hôtes conviés à la cérémonie ont salué les réalisations qui ont été enregistrées en Tunisie post-révolution dans le domaine de la défense des droits humains, en général, et de la lutte contre la torture, en particulier.
Le rapporteur spécial des Nations Unies sur la torture, Juan Mendez, a affirmé que la Tunisie post- révolution a réalisé d’importantes avancées en matière de lutte contre la torture, notamment, au plan législatif, et ce par l’adoption du protocole facultatif à la convention de lutte contre la torture, la mise en place d’un mécanisme de prévention de la torture et la création d’une Instance de la Vérité et de la Dignité.
Il a estimé que l’adoption d’une nouvelle Constitution pour la Tunisie est une importante étape en cette phase de transition, d’autant, a-t-il précisé, que l’article 23 de la Constitution interdit toutes formes de torture physique et morale qui demeure un crime imprescriptible. Le programme de la cérémonie, organisée à l’initiative de la Présidence de la République, comporte des conférences présentées par des juristes et défenseurs des droits humains sur la torture et le rôle de la société civile dans la lutte contre ce fléau.
Plusieurs activistes de la société civile, des représentants d’organisations non-gouvernementales et des familles de martyrs, tombés sous la torture y ont pris part.