Le congrès électif du Syndicat national des journalistes tunisiens s’est ouvert, ce samedi, à Tunis. La présidente du SNJT a d’emblée donné le ton en rappelant les nombreuses tentatives des responsables politiques de domestiquer la presse au cours de ces trois dernières années.
” Le combat pour l’indépendance que mène le secteur depuis 2008 continue face à ceux qui s’emploient à poser des greffons qui finiront par être rejetés par le corps de la profession”, a martelé Néjiba Hamrouni dans son allocution lors de la séance d’ouverture. Bien davantage que son rôle syndical, a-t-elle dit, le bureau sortant a surtout rempli son rôle national.
Parallèlement à la bataille de la transition démocratique, il a mené le combat de la liberté d’expression, de presse et de création.
Il l’a surtout fait en faveur de la réunion des garanties constitutionnelles et juridiques, que ce soit à l’occasion des mouvements syndicaux et de protestation ou à travers la conclusion d’alliances stratégiques avec des composantes de la société civile”.
Le syndicat, a ajouté Hamrouni, a fait siennes les causes des journalistes et mis toute son énergie pour les défendre. Il a néanmoins buté sur des gouvernements réfractaires à l’application de la loi, ainsi que sur certains patrons de presse n’ayant d’autres préoccupations que leurs intérêts matériels et leurs calculs étroits”.
La présidente du SNJT a également fait état d'”obstacles structurels” inhérents à certains établissements de presse, déplorant l’absence de culture d’autorégulation et de volonté de privilégier le professionnalisme et la déontologie. Hamrouni a indiqué que “la chute de la tête du régime dictatorial a dévoilé l’étendue des ravages et la désertification avancée du secteur.
Pour remédier à cette situation, a-t-elle dit, le syndicat s’est employé à mettre en place une stratégie de reconstruction et de restructuration qui a d’ores et déjà donné des résultats positifs. Au fil de la mise en oeuvre de cette stratégie, il a dû faire front à des responsables politiques au gouvernement. Son combat lui a permis de déjouer toutes les tentatives visant à domestiquer le secteur et à le ramener à la case de la propagande”.
Plusieurs invités du congrès, principalement des représentants d’organisations concernées par les questions de la presse en Tunisie et à l’étranger, ont mis en exergue l’importance du combat mené par les journalistes dans les pays ayant connu des révolutions et dans d’autres pays arabes.
Ils ont insisté sur l’impératif de poursuivre la lutte et de tenir tête à tout régime politique qui tenterait d’imposer des restrictions aux journalistes et de réprimer la liberté d’expression. Ils ont également souligné la nécessité de défendre les droits sociaux des journalistes et de se battre pour l’amélioration de leur condition matérielle et professionnelle, tout comme pour la consécration de la liberté d’expression et du libre accès aux sources d’informations.
Construire un Etat démocratique ne peut nullement se faire si la liberté de la presse n’est pas une réalité parce que constituant le socle de tout Etat démocratique, ont-ils souligné.
Les travaux du 3e congrès du Syndicat national des journalistes tunisiens se poursuivront pendant deux jours, les 19 et 20 avril et seront sanctionnés par l’élection d’un nouveau bureau exécutif de neuf membres. Le SNJT est l’héritier de l’Association des journalistes tunisiens (AJT) qu’il avait supplantée en 2008.