Un certain nombre de députés de l’Assemblée nationale constituante ont stigmatisé, mardi les sentences de mort en cascade prononcées en Egypte à l’encontre de 529 personnes « d’un seul coup », demandant que la pression soit maintenue pour obtenir la non exécution des peines.
Dès l’ouverture de la séance plénière consacrée à l’examen d’une série de projets de loi, ils ont demandé à la présidence de l’Assemblée la publication d’une déclaration « pour condamner ces verdicts et exiger un sursis à exécution ».
Le député du Mouvement Ennahdha Badreddine Abdelkéfi a ainsi réclamé que soit publiée une déclaration « audacieuse pour condamner ces sentences de mort et faire barrage à leur application ». Ce qui se passe en Egypte est « la conséquence inéluctable du putch », a-t-il dit.
Qualifiant ces verdicts d’« arbitraires », le député d’Al-Joumhouri Iyad Dahmani a appelé à la solidarité avec le peuple égyptien dont il a dit qu’il « vit le retour de la dictature sous le pouvoir des militaires ».
Pour le député d’Ennahdha Sahbi Atig, « condamner à mort 529 personnes d’un seul coup n’est rien d’autre qu’une entreprise d’éradication d’un adversaire politique » et « un des actes du génocide ».
Il a fait remarquer que l’ancien président du parlement égyptien figure parmi les condamnés à mort. « Au nom du devoir de solidarité », il a demandé à la présidence de l’Assemblée constituante de « prendre la défense du président du parlement égyptien élu » et de publier une déclaration stigmatisant, au nom de tous les groupes de l’assemblée, « ces procès et ces sentences ».
Il a aussi engagé « toutes les organisations, tous les partis et tous les hommes libres dans le monde à agir vite pour obtenir l’annulation de ces jugements ».
Le député de l’Alliance démocratique Mohamed Hamdi a estimé de son côté que « ce dont l’Egypte a aujourd’hui besoin, ce n’est pas d’officiers libres mais de citoyens libres », qualifiant ce qui s’est passé de « crime judiciaire » qui doit être condamné à voix haute. De son côté, le député du groupe Wafa Azad Badi a demandé la convocation de l’ambassadeur égyptien en Tunisie, de manifester pacifiquement et de soutenir le peuple égyptien, engageant la présidence de l’assemblée à prendre « une décision révolutionnaire » car, d’après lui, « les déclarations et les discours sont vains ».
Le député Ahmed Brahim, du groupe démocratique, a lui aussi condamné ce qui se passe en Egypte, appelant les Egyptiens à un retour à la raison. Selon lui, les sentences de mort collectives étaient « préméditées et consécutives à une décision politique ».
Il a préconisé l’abolition de la peine de mort en Tunisie, « en toutes circonstances ». Quand à la députée du Courant démocratique Samia Abbou, elle a réclamé la convocation d’une séance plénière à consacrer spécialement à l’examen de la situation en Egypte. « Devant le mutisme médiatique et l’indifférence concernant ce qui se passe en Egypte, il se trouve qu’en Tunisie certaines forces politiques sont menacées de connaître le même sort que leurs homologues en Egypte ».
Elle considère que la cascade de sentences s’apparente à « un génocide ». Le député du CPR Béchir Nefzi a demandé aux autorités tunisiennes à faire pression sur les autorités égyptiennes pour infléchir leur attitude concernant cette affaire.
Il a aussi demandé aux médias, au ministère des Affaires étrangères et à la Présidence de la République de se tenir aux côtés du peuple égyptien. La présidente de la commission des droits et libertés et des relations extérieures Souad Abderrahim a appelé tous les députés à assister à la réunion de la commission, prévue le lendemain mercredi, et qui sera, selon elle, consacrée à l’examen des évènements en cours en Egypte et de l’affaire du journaliste retenu au Qatar, Mahmoud Bounab.
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