Symposium à Tunis sur les imbrications entre religion, politique et démocratie

L’adhésion de la Tunisie à l’expérience démocratique universelle et la perception sociale de la nécessité de séparer la religion de la politique et de la démocratie, de même qu’entre le concept de partage de valeurs et celui de diversité culturelle, tels sont les principaux axes d’un symposium tenu vendredi à Tunis sur le thème: “Religion et démocratie: l’Europe de l’Après-guerre et l’Islam de l’Après-révolutions”.

Cette rencontre est une initiative de l’Observatoire arabe des religions et des libertés. Le président de l’observatoire et sociologue Mohamed Haddad a fait des réflexions critiques sur “l’islamisation de la politique” et “la politisation de la religion”, dans un contexte arabe où l’action révolutionnaire est tiraillée à la fois par les idées et concepts modernes comme la citoyenneté et la démocratie et par les luttes sectaires, sous le parapluie de l’Islam.

Il a plaidé pour une rupture de la dualité historique entre l’idée d’Etat et le discours religieux, à travers le prisme à facettes multiples des réalités des sociétés arabes et islamiques, ainsi que pour la dissociation des concepts civiques émergents et le contexte présent, dans lequel prédominent les idéologies à référentiel islamiste.

Haddad explique les éruptions récurrentes de violence de ces dernières années par le dévoiement des révolutions arabes qui, selon lui, ont été détournées de leur objectif initial, à savoir la construction de la démocratie, pour prendre, contre toute attente, l’allure de révolutions religieuses.

Il en a résulté une marginalisation du langage de dialogue et de négociation, en même temps que la consécration des libertés, y compris les libertés religieuses, a-t-il ajouté. Il considère d’autre part que la révolution tunisienne a réussi à jeter les fondements d’un système démocratique scellé par la promulgation d’une nouvelle Constitution qu’il a qualifiée de “moderne”.

Les participants à ce symposium ont convenu de dire que, dans un système démocratique, la principale raison d’être des partis politiques est d’assurer la jonction entre l’Etat et la société, soulignant la nécessité de faire en sorte que les mouvements sociaux s’emploient à consacrer ce qu’ils appellent “la rénovation politique, l’opposition et la critique”.