Tunisie : “Pas de trêve nationale”, annonce l’Union des diplômés chômeurs

L’Union des diplômés chômeurs (UDC) a annoncé mercredi qu’elle ne participera pas à la trêve nationale à laquelle a appelé le nouveau Chef de gouvernement provisoire Mehdi Jomâa, en qualifiant la Constitution de “trahison envers les chômeurs”.

“Après évaluation des trois années post-révolution, nous avons constaté que rien n’a changé. Les gouvernements se succèdent, mais c’est toujours le parti au pouvoir qui profite des ressources de l’Etat, aux dépens des chômeurs”, a affirmé Salem Ayari, secrétaire général de l’UDC, lors d’une conférence de presse tenue aujourd’hui au siège de l’association.

Le gouvernement de Ali Laârayedh a créé 25 mille emplois, dont 18 mille pour les bénéficiaires de l’amnistie générale. “Où sont les mécanismes de contrôle sur la politique de l’emploi du gouvernement démissionnaire?”, s’est interrogé Salem Ayari, qualifiant la Constitution de “dictat de l’étranger».

Le secrétaire général de l’UDC a affirmé que l’association ne prendra pas part à la trêve nationale à laquelle a appelé Mehdi Jomâa et qu’au contraire, “elle haussera le ton pour imposer sa vision des choses”, manifestant son étonnement de l’attribution des fermes agricoles pilotes à des proches du gouvernement et du mouvement Ennahdha aux dépens des diplômés chômeurs.

Quant à Zied Rajhi, membre du bureau national de l’UDC, il a relevé que le droit au travail n’est pas garanti dans la Constitution. “L’article 40 de la Constitution stipule le droit au travail pour tous les citoyens, mais, contrairement aux autres droits, il n’est pas accompagné d’une formule d’obligation” a-t-il expliqué. Et de rajouter que “le droit au travail a été également présent dans l’ancienne Constitution, mais n’a jamais été appliqué, ce qui laisse planer un flou surtout avec la concomitance entre le droit au travail et la compétence dans l’article 40”.

Zied Rajhi a également évoqué l’absence des devoirs de l’Etat envers les chômeurs avant de trouver un emploi. “La Constitution n’a pas abordé les devoirs de l’Etat envers les chômeurs, comme la création d’une caisse de chômage ou le droit au transport et aux services médicaux. Il y a eu un désistement face à l’obligation du droit au travail. “Cette Constitution, qui ne nous représente pas, est une trahison envers les chômeurs”, a-t-il lancé.

L’UDC a attesté que le programme présenté par Mehdi Jomâa n’a pas abordé la question du chômage, l’appelant à traiter ce phénomène de société pour combattre le terrorisme.

Ahmed Sassi, membre du bureau national de l’UDC a évoqué la question du “retour du CAPES”, qu’il a qualifié de “remise en place du système de corruption dans les recrutements”.

“C’est une décision unilatérale prise dans les coulisses du ministère de l’éducation, Salem Labyadh, ministre démissionnaire depuis plus d’une année”, s’est-il étonné.

“Nous appelons à la mise en place d’une commission commune entre le ministère et la société civile pour trouver une solution de rechange”, a-t-il ajouté.

Les trois membres de l’UDC ont présenté quelques propositions pour résoudre le problème du chômage, tel que la mise en place d’une institution nationale indépendante pour préparer une stratégie nationale afin de combattre le chômage, la mise en place de mécanismes obligeant le secteur privé à participer à la lutte contre le chômage et l’obligation pour les associations (18 mille) de créer au moins un emploi pour les diplômés chômeurs.