La liberté d’expression et de conscience dans la constitution, la liberté de presse et l’affaire Jabeur Mejri, tels étaient les axes de la conférence de presse organisée aujourd’hui samedi par Amnesty International, section Tunisie.
Lotfi Azouz, directeur exécutif de la section tunisienne d’Amnesty International a mis l’accent sur les différentes lacunes concernant la liberté d’expression et de conscience dans la Constitution.
“Il y a beaucoup de points qui sont flous et qui laissent la porte ouverte au retour de la censure, surtout avec l’instauration de la protection du sacré par l’Etat”, a-t-il affirmé. Lotfi Azouz a expliqué que l’article 48, relatif à la liberté d’expression est globalement correcte, mais qu’il est “enchaîné avec des principes qui peuvent nuire à cette liberté”, ajoutant que l’article 6, dans sa version finale, instaure une censure au nom de la protection du sacré.
Quant à Fahem Bou Kaddous, représentant du centre de Tunis pour la liberté de la presse, il a expliqué que les articles 30, 31, 122 et 124, relatifs à la liberté de presse, sont flous et peuvent conduire au retour de la dictature et la censure. “Ces articles sont certes un pas en avant pour la liberté de presse, mais ne sont toujours pas au point”, a-t- il affirmé. Bou Kaddous a déclaré que l’article 124 de la Constitution ne permet pas à la Haute autorité indépendante de la communication audiovisuelle (HAICA) d’avoir une indépendance totale : “les membres de la HAICA seront élus par les députés, ce qui rend cette institution dépendante des pressions politiques et des idéologies de la majorité à l’ANC”.
Le représentant du centre de Tunis pour la liberté de la presse a conclu que la Constitution est globalement acceptable, mais qu’il faut continuer les pressions pour l’application des lois relatives à la liberté de presse. Kaouther Zouari, représentante du comité de la défense de Jabeur Mejri, a, quant à elle, affirmé que “Mejri est en prison pour ses idées, contrairement à ce que ne cesse d’affirmer Moncef Marzouki, Président de la République”, ajoutant que “les promesses de sa libération restent de simples promesses, en attendant sa sortie de prison”.
Dans ce cadre, Lotfi Azouz a expliqué qu’Amnesty International n’est pas derrière l’initiative de sa libération et contre son exil en Suède : “Nous n’avons jamais demandé l’amnistie pour Jabeur puisque nous le considérons comme une victime. Nous demandons à l’Etat tunisien sa libération immédiate et inconditionnelle”.