“Allahou Akbar, Dhahara al Hakkou wa zahaka Al Batil” (Dieu est grand, que la vérité soit et que le mensonge déchoit). Nous parlons là d’un très mauvais remake du chef d’œuvre de Mohamed Mustapha Al Akkad «Arrissala» et une insulte à la religion musulmane reconnue pour être, dans son essence, ouverte et tolérante !
«Nous savions qu’Ibrahim el Gassas allait faire tout ce cinéma, il l’a presqu’annoncé lui-même avant de regagner la séance plénière pour la re-discussion de l’article 6. D’ailleurs, en montant les escaliers menant de la cafétéria à la salle de l’Assemblée, il criait “Khaybar, Khaybar ya Yahoud, jaychou Mohamed, saoufa yaoud“ (Khaybar Oh Juifs, l’armée de Mahomet revient…). Il a ajouté lors de son intervention que les Juifs et les Chrétiens ne tolèreront jamais l’existence des musulmans s’ils ne se soumettaient pas à eux… (sic). Nous avons compris ensuite qu’il s’agissait bel et bien d’un plan orchestré en connivence avec des nahdhaouis pour revenir sur l’adoption de l’article en question», témoigne un député démocrate qui s’est dit catastrophé par ce qui s’est passé dans la nuit de mardi à mercredi 22 janvier à la constituante.
Rappelons que l’article 6 de la Constitution, d’ores et déjà voté et adopté, stipule que l’Etat «s’engage à diffuser les valeurs de tolérance et à protéger les symboles sacrés contre toute atteinte. Les imputations d’apostasie ou l’incitation à la haine et à la violence sont interdites par la loi».
La pièce théâtrale qui a eu lieu mardi soir visait la déstabilisation du bloc démocratique et le renversement d’une situation fragilisant le parti Ennahdha dont les bases se sont insurgées sous prétexte de sa désapprobation de l’article en question. La preuve, juste avant la scène d’Ibrahim El Gassas qui s’est évanoui et s’est très vite réveillé après avoir été sorti de la salle, un certain Jamel Bouajaja, député nahdhaoui sur le gouvernorat de Bizerte, a commencé à clamer lui aussi des slogans rappelant les «foutouhat» (les conquêtes islamiques) lorsqu’il s’agissait d’islamiser les peuples des «koffars» (apostats).
Il a ainsi enflammé ses disciples dont les Ellouze, Chourou, Mrad et même un certain Mouez Berrhouma -qu’on pensait pourtant tolérant et qui a fustigé l’un de ses co-partisans à : «s’écraser et sinon à regagner le camp des démocrates» par ce qu’il avait appelé au calme et à la re-soumission de l’article 6 au vote.
Il est d’autant plus vrai que rares sont les Ikhouans qui désobéissent aux règles de «Onsor Akhaka dhaliman aw Madhlouman» (Soutiens ton frère, qu’il soit le tyrannisé ou le tyran).
Le pire dans tout cela est qu’au lieu de construire une Constitution pour les générations futures, on est en train de réduire cette Loi fondamentale post-fausse-révolution à une reprise de fonds en comble du modèle de vie tunisien et à vouloir imposer de mille-et-une manière la loi de la Charia.
A propos de l’article 6, lorsque la présidente de la séance, Mehrzia Labidi, a voulu consulter un expert en la matière, Abdelmajid Ennajar, pour voir s’il comporte des valeurs contraires à l’islam, ses condisciples ont refusé net craignant qu’il n’approuve l’article. «Le but était tout simplement de semer la pagaille pour que la séance soit levée, ce qui fut fait».
Ce sont des procédés familiers à la confrérie des «Ikhouans» «Al qarrou wal farrou» (l’Attaque, la défense et la victimisation) mais qui se répercuteront mal sur l’avenir du pays. Car si leur patrie à eux se limite à leur secte, la patrie des Tunisiens est la Tunisie.
La Constituante, quant à elle, s’est transformée de souk en cirque, et quant à Ibrahim El Gassas, eh bien de piètre comédien, il a tourné carrément au clown!