La justice sociale et l’encadrement familial, psychologique, éducatif et religieux des jeunes et leur accompagnement et orientation afin qu’ils aient une vision claire des choses et puissent prendre la bonne décision sans recourir à la violence, sont les principales recommandations de la conférence organisée samedi à Tunis sur la violence politique chez les jeunes.
Des psychologues, sociologue, enseignants à l’université Ezzitouna, des représentants de la société civile et des enseignants ont souligné la nécessité de créer des espaces pour les jeunes pour enraciner la culture du dialogue et de la tolérance, a-t-on affirmé lors de cette conférence organisée à l’initiative de l’association “Tounissiet” (Tunisiennes), créée en 2011.
Les participants ont aussi dénoncé la diffusion par certains médias de débats incitant à la violence et à la haine. “Durant la période post-révolution, le phénomène de la violence a pris de l’ampleur notamment chez les jeune à travers les réseaux sociaux”, a affirmé Hend Bouziri, présidente de l’association “Tounissiet”.
“Les jeunes, qui représentent une grande partie de la société tunisienne, doivent apprendre à communiquer et à accepter l’opinion de l’autre sans se révolter et sans recours à la violence”, a-t-elle soutenu. Pour sa part, Imed Rekik, docteur en psychologie, a fait remarquer que l’adolescent d’aujourd’hui n’est pas celui d’hier.
“Aujourd’hui, au lieu de réfléchir, l’adolescent passe directement à l’acte en optant pour des comportements souvent violents tels la fugue, la consommation de drogue, la violence verbale et physique ”, a-t-il précisé.
La démission des parents et l’absence d’encadrement, notamment familial, font que l’adolescent n’intériorise plus la loi et par conséquent il ne respecte plus aucune limite et risque d’être continuellement en état de “révolte et d’indiscipline”, a-t-il dit. M. Rekik a aussi évoqué la marginalisation, la pauvreté, l’absence d’une vision claire de l’avenir, l’humiliation, l’ignorance, le faible niveau intellectuel et l’injustice sont tous des facteurs qui poussent le jeune à la violence.
“Les groupes terroristes ciblent cette catégorie de personnes car ils savent qu’elle est psychologiquement prédisposée à leurs obéir”, a-t-il estimé, d’où la nécessité d’accompagner psychologiquement les jeunes, de leur offrir beaucoup d’amour pour neutraliser les sentiments de vengeance et de haine chez-eux, les orienter et répondre à leurs interrogations afin qu’ils aient une vision claire des choses et savent réfléchir positivement.
Pour sa part, Belgacem Gasmi, professeur à l’université Ezzitouna a souligné que la violence “est un acte anarchique et spontané” tandis que “le terrorisme est une violence planifiée” conformément à une stratégie claire et des objectifs précis, ajoutant que la violence résulte de la combinaison entre une mauvaise compréhension de la religion et la politique.
“La non reconnaissance de l’autre et le désir même de l’éliminer physiquement en l’accusant d’apostasie juste parce qu’il n’a pas la même perception de l’islam est en elle-même une violence”, a-t-il expliqué, relevant que pour accéder au pouvoir certains politiciens s’auto érigent en porte-parole de l’islam et se permettent d’accuser leurs adversaires d’être mécréant. “Il faut reproduire le modèle zeitounien pour encadrer nos jeunes et leur faire comprendre le vrai sens de l’islam basé sur la tolérance et le respect de l’autre”, a-t-il indiqué. De son côté, Mourad Rouissi, docteur en sociologie a fait observer qu’il est difficile d’avoir une définition unique de la violence.
“Chaque société, chaque culture et même chaque individu détient sa propre définition de la violence et peut considérer comme de la violence tel acte alors qu’une autre personne peut juger qu’il n’en est pas un”, a-t-il indiqué. L’intervenant a signalé qu’il existe une violence verbale, physique, psychologique et symbolique.
“La violence existe dans tous les milieux et espaces (familial, éducatif, sportif, religieux, syndical )”, a-t-il relevé. Analysant les principales caractéristiques de la population jeune, M. Rouissi a relevé le recul de la moyenne d’âge de mariage, fixée à 30 ans pour les deux sexes en raison notamment du chômage d’où l’émergence de sentiments de frustration, de révolte et de rébellion contre son vécu et la société.