Le président du mouvement Ennahdha, Rached Ghannouchi a appelé, dimanche, au parachèvement de la mission du gouvernement et des travaux de l’assemblée nationale constituante (ANC) dans un même délais, soit trois semaines après le démarrage officiel du dialogue national, au lieu de 4 semaines pour l’ANC? conformément aux dispositions de la feuille de route.
Il s’agit d’une démarche qu’il a baptisée “3+3” et qui incite les députés à travailler sans relâche compte tenu de la situation délicate du pays qui ne peut plus attendre». Dans une interview accordée, dimanche soir, à la première chaîne nationale (Watania 1), Ghannouchi a déclaré que le dialogue national a transmis des messages “positifs et forts », qui annonce que la Tunisie a dépassé la crise politique et qui aboutira à des élections libres.
Il s’est, également, déclaré optimiste de voir, ce dialogue conduit par le Quartet et auquel participent toutes les sensibilités politiques, mener la Tunisie à bon port et édifier la première démocratie du monde arabe.
S’agissant de l’engagement du chef du gouvernement provisoire, Ali Larayedh à démissionner conformément à la feuille de route, Ghannouchi a affirmé qu’il faut “placer l’intérêt du pays au dessus des intérêts d’Ennahdha afin d’éviter les tiraillements politiques ». Il a, en outre, estimé que les participants au dialogue national, feront face aux difficultés susceptibles d’entraver la mise en oeuvre de la feuille de route et oeuvreront à les palier par le biais du dialogue après que la classe politique ait convenu de se mettre sur la même table pour discuter de l’avenir de la Tunisie.
“Garantir le succès du dialogue national par la participation de tous les partis politiques, contribuera à la résoudre la crise politique et économique et aura des répercutions positives sur l’unité du pays dans sa lutte contre le terrorisme”, a affirmé le chef du mouvement Ennahdha, appelant au traitement du dossier des hommes d’affaires dans le plus brefs délais. Pour ce qui est du candidat potentiel du mouvement Ennahdha au poste du chef du gouvernement, Ghannouchi a indiqué que des propositions seront présentées à cet effet à la commission du processus gouvernemental, se déclarant favorable à toute personnalité capable de diriger le pays durant la période à venir. “Le terrorisme c’est la violence politique exercée au nom de la religion ou toute autre reférence idélogique et il faut le rejeter, a-t-il souligné.
“Nous n’avons aucun problème avec le salafisme ou tout autre courant de pensée”, a-t-il expliqué, affirmant que “les salafistes sont en premier et en dernier ressort des citoyens tunisiens qui vivent dans un pays où coexistence paficique et respect mutuel devraient être de mise. “Certains courants islamistes s’évertuent à imposer leurs idées et leur mode de vie par la force, chose que l’on peut nullement tolérer”, a-t-il assuré. Il s’agit, du reste, d’un phénomène qui frappe tous les pays a fait remarquer Rached Ghannouchi.
“Nous avons discuté avec les salafistes quand ils défendaient un courant de pensée, maintenant qu’ils sont partisans de la violence, ils sont devenus l’ennemi du peuple, de ses gouvernants, de son appreil sécuritaire et militaire”, a-t-il précisé. “Dans un pays musulman comme la Tunisie, il est tout à fait aberrant et infondé de porter les armes contre le peuple”, a-t-il dit.
Le président du parti Ennahdha a appelé les médias, les hommes politiques et les imams prédicateurs à resserrer leurs rangs en vue de lutter contre le fanatisme. “Nous ne tolérons aucune menace contre l’unité du pays, a-t-il insisté.
Dressant un bilan des réalisations de l’actuel gouvernement, Ghannouchi a mis en valeur la liberté de la presse et la continuité des services publics, citant en contrepartie quelques insuffisances, dont le retard dans la reddition de comptes et le déséquilibre entre les régions.
Pour ce qui est de la candidature à la présidence de la République, le mouvement Ennahdha, a-t-il dit, n’a pas encore opté pour un candidat, soulignant qu’il ne prétendra jamais à ce poste. “Il faut rajeunir la classe politique”, a-t-il estimé, ajoutant que les jeunes étaient le fer de lance de la révolution tunisienne.
Ghannouchi a enfin recommandé aux participants au dialogue national de veiller à ce que la Tunisie post- élections soit gouvernée par le consensus.