Régions – Environnement – Borj d’El Attar : La décharge qui rend la vie impossible !

Le dépotoir de Jbel Borj Chakir nous « rend la vie impossible ». C’est en ces termes que des habitants de la localité d’EL Attar, située à une vingtaine de mètres de cette décharge, la plus grande de toute la Tunisie, ont exprimé leur détresse au journaliste de la TAP.

Rassemblés dimanche, pour bénéficier de visites médicales proposées gratuitement sur place par l’association environnementale « SOS BIAA », les habitants ont dénoncé le silence du gouvernement et des autorités concernées face aux dangers qui guettent leur santé en raison de la pollution provoquée par la décharge.


« Jamais sans mon aérosol »

Ce matin certains habitants, qui attendaient de passer devant le médecin, sont déjà dotés d’aérosols-doseurs. Olfa Klaii, mère de deux enfants, assure qu’elle ne peut sortir de chez elle, y compris pour aller chez l’épicier du coin, sans amener le sien. La jeune femme emmène sa fille de 3 ans voir le médecin. Maram souffre de démangeaisons dans les yeux.

La plupart des habitants d’El Attar, notamment les enfants en bas âge (de 3 à 6 ans) souffrent, d’après les premiers diagnostics, de maladies de la peau telles que les allergies cutanées et oculaires outre de symptômes d’asthme, indique à l’Agence TAP Dr Azza Kochabati, membre de l’association.

Selon ce médecin, leurs états de santé se sont aggravés encore par rapport, à la dernière visite organisée par l’association au mois de juin dernier. Plusieurs habitants montrent de doigt, les eaux approvisionnées via le réseau de la SONEDE dont le réservoir se trouve à quelques mètres du «casier » des déchets du dépotoir, d’autant que leur localité n’est pas raccordée au réseau de l’ONAS. Comble de l’ironie, cette agglomération située à quelques dizaines de mètres de la seule décharge contrôlée du Grand Tunis, ne bénéficie pas des services de collecte de déchets assurés par la municipalité de Sidi Hassine Sijoumi.

« La sourde oreille des autorités»

Les habitants d’El Attar avaient déjà, essayé de faire entendre leur voix en organisant le 8 septembre 2013, une manifestation contre la pollution et la dégradation de l’environnement dans la région. Mais, « Personne ne nous a prêté attention”, affirme Fethi Ayari, un quadragénaire, natif de la région. Ce père de trois enfants ; ce quadragénaire emmène un de ses enfants souffrant d’allergie cutanée pour se soigner. atteint

D’après Morched Garbouj, président de l’association « SOS BIAA », la décharge de BORJ Chakir est saturée et aurait du être fermée depuis août 2013. Pour cet écologiste tout le système de gestion des déchets en Tunisie est défaillant. Il est catastrophique. Il doit être revu et réformé, affirme-t-il à l’Agence TAP.

« C’est un héritage lourd de l’ancien régime avec lequel il faut rompre et concevoir d’autres systèmes plus modernes, plus économes et à même de préserver la santé des êtres humains et l’environnement », laisse entendre ce consultant.

Selon le programme des interventions environnementales urgentes programmées par les autorités pour le mois de septembre et présentées début de mois par le secrétaire d’Etat chargé de l’environnement Sadok Amri, aucune action spécifique ne concerne la décharge de Borj Chakir. Entre temps, les habitants des localités riveraines continuent à subir les dégâts dans leurs peaux.