Le directeur général de la sûreté publique, Mustapha Ben Amor, a fourni un ensemble de données et révélé des renseignements corroborant le classement du groupe d’Ansar Charia comme organisation terroriste, d’autant, dit-il, qu’elle est dotée d’une aile armée et d’une organisation militaire.
Il a relevé, lors d’une conférence de presse tenue, mercredi, en milieu de journée, au ministère de l’Intérieur, que le peuple tunisien ne connait d’Ansar Charia que le volet de prosélytisme de son activité à travers ses “tentes de prédication” et ses œuvres caritatives” et que, “maintenant, il découvre la face sombre de cette organisation terroriste”.
“Il s’avère d’après toute une somme de données fiables que des dirigeants d’Ansar Charia se rendaient fréquemment au Mont Chaambi, soit pour s’entraîner, recevoir des instructions ou participer aux opérations menées contre les unités de l’armée et des forces de sécurités intérieures”, a-t-il déclaré.
De même, “de nombreux dirigeants de l’organisation se sont rendus à plusieurs reprises en Libye dans le but de conclure des transactions d’armes ou de s’entraîner”, a ajouté ce haut responsable sécuritaire, précisant que la plupart de ces dirigeants se sont rendus en Libye après la révolution avant de regagner la Tunisie par la suite, alors que d’autres sont allés en Syrie, pour le “Jihad”.
Le directeur général de la sûreté publique a, en outre, fait état de l’existence de liens étroits entre Ansar Charia et Aqmi (Al Qaida au Maghreb islamique), montrant aux journalistes présents le texte manuscrit de l’acte d’allégeance de Seif Allah Ben Houcine, Alias Abou Iyadh, au chef d’AQMI Abou Mossaeb Abdul Wadoud. Il a indiqué que quiconque parmi les membres d’Ansar Charia fait allégeance à Abou Iyadh, puis désobéit à ses ordres s’expose à la liquidation physique.
Ben Amor a, par ailleurs, fait état de l’implication dans les opérations terroristes et les évènements du Mont Chaambi d’une partie des éléments ayant bénéficié de l’amnistie générale dans la foulée de la révolution, en particulier les survivants du “groupe de Soliman”. Selon l’organigramme montré aux journalistes présents par le même haut responsable, Abou Iyadh occupe le sommet de la hiérarchie avec rang de “Cheikh” ou “Emir général”, suivi immédiatement après de trois “Emirs”, à savoir Mohamed Awadi, Mohamed Akkari et Adel Saïdi. Vient ensuite le groupe dit “des opérations préparatoires” comprenant six membres, le groupe de soutien et d’exécution composé de 8 membres et enfin le groupe de mobilisation et d’armement comprenant deux membres.
Les endroits qui devaient être visés par des attentats à l’explosif ont, également, été dévoilés, dont des sites sécuritaires, de même que les modes de camouflage et de diversion utilisés par le groupe d’Ansar Charia pour assurer l’anonymat, notamment le refuge dans les maquis montagneux ou la location de maisons par le biais de femmes comme fausses locataires aux fins de servir de cachettes sûres. Le responsable sécuritaire a, d’autre part, révélé le démantèlement, le 9 août 2013, d’un réseau dirigé par une jeune fille (née en 1996) qui se livrait au rabattage de jeunes filles mineures adeptes du hijab aux fins de les amener à se livrer au “Jihad du nikah” au service des terroristes.
Invoquant le principe de secret de l’instruction, Mustapha Ben Amor a refusé, par contre, de révéler l’effectif de l’organisation d’Ansar Charia et le nombre d’éléments arrêtés ou en cavale.