Les concertations se sont poursuivies, mercredi, entre le président de l’Assemblée nationale constituante (ANC), Mustapha Ben Jaafar, et les partis politiques et organisations de la société civile, au siège de l’ancien Conseil constitutionnel, autour des moyens de sortir de la crise politique actuelle.
Toutefois, aucun indice n’apparaît concernant la possibilité de l’organisation d’un dialogue national rassemblant tous les partenaires politique, alors que les coalitions attachées à la poursuite des activités de l’ANC se sont réunies et ont demandé la reprise du travail, à partir du début de la semaine prochaine.
Dans ce sens, Mustapha Ben Jaafar a rencontré le président du parti Al Moubadara (l’initiative), Kamel Morjane, celui de la Coalition démocratique, Mohamed Hamdi, ainsi que le secrétaire général de l’Union générale tunisienne du travail (UGTT), Houssine Abassi, et celui du mouvement Fidélité à la révolution, Abderraouf Ayadi.
Les déclarations données à la presse, mercredi, à l’issue de ces rencontres, n’ont pas dévoilé, comme les précédentes, des indices sur un accord pour régler la crise, dans le cadre d’un dialogue national auquel appelle tout le monde, mais dont les conditions ne sont pas encore réunies du fait que toutes les parties se tiennent sur leurs positions, concernant le gouvernement, l’ANC et les mécanismes pour le parachèvement de l’étape de la transition démocratique et son calendrier.
A ce propos, Mohamed Hamdi a souligné que “malheureusement, il n’y a pas de dialogue, malgré la multiplication des contacts et des propositions, depuis plus de deux semaines”. Il a mis en garde contre “l’existence de parties plus proches du langage de la rupture”, en visant la Troïka qui, selon lui, “aurait dû faire part de sa disposition à démissionner” et la partie adverse qui est attachée à la formation d’un gouvernement de salut national à sa propre initiative et à la dissolution de l’ANC.
Le président de la Coalition démocratique a ajouté que “si cet état de blocage politique n’est pas dépassé, le pays sera en danger”.
De son côté, Kamel Morjane a déclaré que sa rencontre avec le président de l’ANC entre dans le cadre d’une “tentative pour trouver une solution consensuelle pour le pays qui passe par une situation difficile et dangereuse”. Il a expliqué que son parti soutient “un dialogue national sous l’égide de l’UGTT et de l’Union tunisienne de l’industrie, du commerce et de l’artisanat (UTICA) et visant le maintient de l’ANC et de ses rôles”.
Pour sa part, le secrétaire général de l’UGTT a indiqué que toutes les parties tiennent haut le plafond de leurs revendications, dans le cadre des concertations et des contacts en cours”. Abbassi a ajouté qu’un échange de vues a eu lieu avec le président de l’ANC autour de l’ensemble des propositions, notamment celle de la centrale syndicale qui, a-t-il rappelé, “n’est pas un intermédiaire” dans les contacts, mais qu’elle a sa propre initiative.
D’autre part, les membres du Comité de conciliation indépendant avaient rencontré, lundi dernier, Mustapha Ben Jaafar et avaient évoqué des prémisses d’un accord, avec l’idée de dissoudre l’ANC et les institutions qui en découlent, comme le demandent certaines parties politiques (le Front populaire et Nidaa Tounés), n’est plus acceptable par la plupart des partis et des organisations et associations.
Toutefois, ils ont ajouté que les contacts se poursuivent concernant la forme du gouvernement qui sera chargé de diriger le pays, au cours de la période restante de l’étape de la transition démocratique.
D’autre part, les groupes parlementaires au sein de l’ANC, à savoir ceux d’Ennahdha, du CPR, d’Ettakatol, du courant d’El Mahaba, du Mouvement républicain ainsi que des élus du mouvement Wafa et des députés indépendants ont tenu, aujourd’hui, une réunion au cours de laquelle ils ont fixé lundi prochain une date butoir pour reprendre les travaux de l’Assemblée, a indiqué le président de la réunion, Azad Badi.
Les participants à la réunion ont désigné une délégation qui entamera, à partir du jeudi, des concertations avec le gouvernement, la présidence de la République et la Haute autorité indépendante de la communication audiovisuelle (HAICA). Ils ont également mis en place un comité de coordination parlementaire pour préparer la reprise des travaux de l’Assemblée à partir du lundi prochain.
A l’issue de la réunion, le président du groupe parlementaire d’Ettakatol, Mouldi Riahi a déclaré à l’agence TAP que la décision prise par le président de l’ANC, Mustapha Ben Jaafar, de suspendre les travaux de l’Assembée est provisoire et vise à assurer un bon déroulement des concertations, actuellement en cours, entre les différents protagonistes politiques.
Le président de l’ANC avait indiqué que les députés doivent reprendre leurs activités au sein de l’ANC avec le démarrage du dialogue national, a rappelé M. Riahi. Dans le cadre des concertations entre les partis, une réunion a été tenue, ce mercredi, avec les responsables du CPR et ceux du Mouvement tunisien pour la liberté et la dignité, représentés par 25 députés de l’ANC, afin d’examiner la création d’un front de médiation, selon une source représentant un parti participant à la réunion. Ce front essayera de rapprocher les opinions des différents partis politiques.