Marzouki : “il n’y a pas de place pour celui qui souhaite revenir sur le Code du statut personnel”

Le président de la République provisoire, Mohamed Moncef Marzouki, a déclaré, mardi, à Tunis, lors de la cérémonie de célébration de la fête de la femme, “qu’il n’ y a pas de place pour celui qui souhaite revenir sur le Code du statut personnel”.

M. Marzouki qui assistait, à côté du chef du gouvernement, Ali Larayedh, à cette cérémonie organisée au centre national de l’informatique pour enfant, a ajouté que “la véritable bataille des Tunisiens est aujourd’hui contre la violence, la pauvreté et l’abus commis contre la femme”, soulignant que celle-ci (la femme) est toujours victime d’une discrimination politique perceptible à travers la faiblesse du taux de représentativité au sein du gouvernement et du Parlement.

“La consécration de cette journée pour rendre hommage aux femmes-agents de sécurité, de l’armée et de la douane est une reconnaissance envers ces femmes et aussi envers les hommes de ces trois corps pour les sacrifices qu’ils ont dû faire durant ces dernières trois années”, a encore déclaré Marzouki.

Le président de la République provisoire a rendu hommage, à cette occasion, à Habib Bourguiba, premier président de la Tunisie et pionnier de la libéralisation de la femme, et à Tahar Haddad, qualifiant Bourguiba de “l’homme du Code de statut personnel, de l’indépendance et de l’éducation”, et Tahar Haddad de “fondateur des principes liant la liberté d’un pays à celle des femmes”.

“Ces deux hommes nous rappellent que la question de la femme a été toujours une affaire de liberté de l’homme en général”, a-t-il dit à ce sujet.

Sur un autre plan, le président de la République provisoire a mis l’accent sur la nécessité de former un gouvernement de salut national regroupant toutes les parties politiques qui participera à la prise de décision et œoeuvre à calmer les tensions et à parachever la phase de transition et partant faire sortir le pays de la crise politique.

Ce gouvernement devrait s’engager, d’après Marzouki, à fixer une date d’organisation des élections et fournir les garanties nécessaires pour leur transparence et pour le retour de la décision au peuple.

Il a aussi insisté sur la nécessité de reprendre, au plus vite, les travaux de l’Assemblée nationale constituante (ANC), formulant l’espoir de voir les parlementaires examiner, dès le début de la semaine prochaine, environ 60 projets de loi, dont une loi qui permettrait à 800 familles aux faibles revenus de bénéficier du logement social.

Marzouki a plaidé, également, pour l’organisation d’un débat entre les protagonistes politiques sous la houlette de l’UGTT, soulignant que “tous les sujets sont à débattre à condition qu’aucune partie ne dicte ses conditions et que le dialogue soit dans le cadre de la légitimité”.

Il a exprimé son appui à la liberté de la presse et à celle de l’expression, appelant à laisser la responsabilité des dépassements, s’il y en a, à la Haute autorité indépendante de la communication audiovisuelle et à la justice.

Marzouki a aussi fait état de son refus de lever les sit-in par force, faisant remarquer que le rôle de la sécurité est de “protéger et de garantir le droit de manifester pacifiquement et d’intervenir seulement en cas de violence”.

De son côté, la ministre des Affaires de la femme et de la famille, Sihem Badi, a souligné à l’ouverture de cette cérémonie l’importance de la justice sociale et de la garantie du respect de la femme et de sa dignité, insistant sur la nécessité de réviser certaines législations et lois pour consolider ses droits “à l’instar du droit de voyager à l’étranger avec ses enfants sans consulter leur père”.

D’après elle, les véritables batailles doivent être, aujourd’hui, menées contre l’ignorance et la pauvreté et pour la dignité, mettant l’accent sur la nécessité de militer en faveur de la femme “loin des spéculations politiques et des slogans de conjonctures”.

Mme Badi s’est dite “insatisfaite d’être la seule ministre femme au gouvernement actuel”, faisant part de sa conviction que “la femme ne peut être influente dans le milieu politique et sa voix ne peut être écoutée si le taux de sa représentativité est moins de 30% au sein du gouvernement”.

Concernant la situation de la femme en Tunisie, la ministre a indiqué que “les chiffres réels n’existaient pas, ceux qui existaient étaient fraudés”, a-t-elle dit, relevant que la femme dans les régions profondes de la Tunisie souffre de la pauvreté et de la marginalisation et de l’exploitation par l’homme.

Ceci nécessite, selon elle, “l’égalité entre les deux sexes en terme de salaires et aussi la promotion d’un développement équitable entre les régions”.

“Près de 47% des femmes sont des victimes de violence physique, verbal, social ou domestique”, a-t-elle avancé, appelant le gouvernement à assumer sa responsabilité en mettant en place une stratégie de lutte contre la violence contre la femme et de prévention contre les comportements délinquants qui portent atteinte à la dignité de la femme et de la famille.

Le président de la République provisoire et le chef du gouvernement ont rendu hommage, à cette occasion, à des femmes compétentes dans leurs domaines.

Il s’agit de :

– Siwar Chahed : lieutenant à la Marine nationale, première femme commandant de navire militaire – Najet Jawani, première femme commissaire de police de première catégorie – Meriem Chaâl, première femme officier mécanicien de première catégorie à la marine marchande – Samira Kamoun : l’une des première gestionnaires du service social et présidente de l’Association tunisienne de soutien à la famille.