Ramadan 2013 : Dur dur !

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Un ramadan 2013 sans doute à oublier. Au plus vite. Faits marquants : martyr de Mohamed Brahmi et de neuf soldats, perturbation de la grille radio-tv, division de l’opinion et quatre jours de repos. Et rebelote avec une longue période de farniente. Avec la fête de l’Aïd. Qui s’allonge et peut se poursuivre avec le «pont» du 12 août. Du moins pour certaines âmes sensibles à la productivité. Façon de boucler la boucle.Mois des plus saints, synonyme de piété et de solidarité, le ramadan n’aura pas été des plus faciles à gérer en cette année 2013. Certes les prières du soir, les chaudes soirées en famille ou sur les trottoirs des cafés ou encore les fiançailles et les circoncisons notamment à l’occasion de la célébration de la nuit du Destin, ont comme de coutume donné un attrait particulier à un mois toujours béni. Mais, le mois de ramadan a été endeuillé par la mort d’un grand militant sincère que la plupart des Tunisiens ont découvert grâce à une révolution qui n’a pas fini de nous surprendre.

Six mois presque jour pour jour après le martyr de Chokri Belaïd (le 6 février 2013), voilà en effet Mohamed Brahmi qui tombe sous les balles d’un terrorisme qui a profité de l’anarchie qui s’est installée pour frapper fort. Le 25 juillet 2013, une fête nationale de surcroît, le défi terroriste est encore difficile et mal supporté par une population qui a tant espéré d’une révolution que certains commentateurs ont appelé la «révolution du jasmin». Une manière de dire qu’elle constitue une force tranquille capable d’assurer une mutation dans le calme et sans trouble particulier.

Le terrorisme est cependant passé par là. Le 27 juillet 2013, neuf vaillants soldats ont été, en outre, lâchement assassinés dans le gouvernorat de Kasserine par des hommes en armes qui ont squatté le Jebel Chaâmbi et qui se revendiquent d’un islam intolérant qui n’a jamais eu droit de cité en Tunisie. Un islam prôné par des doctrines venues d’ailleurs. Ne retenant que la violence et la haine guerrière.

Récemment, et sous les cieux syriens, des terroristes jihadistes de «Jebhat Annosra», le Front de la victoire, ont montré dequel bois ils se chauffent en brûlant vif trois activistes kurdes qui comme eux sont pourtant musulmans.

La division fissure le tissu social

Le ministre de l’Intérieur, qui s’active en vu de porter des coups durs aux jihadites violents, a affirmé, le 6 juillet 2013, dans une déclaration à l’Assemblée nationale constituante, que les forces de police ont empêché le départ en Syrie de pas moins de 5.000 tunisiens, un pays devenu un havre pour tous ceux qui, au non de l’islam, participent à la mort lente d’un pays arabe qui a enfanté une des plus grandes civilisation du monde : la civilisation des Omeyyades. Celle-là même qui a conquis l’Espagne et propagé l’islam bien au-delà du Moyen-Orient.

Inutile de dire que ces événements douloureux n’ont pas manqué de provoquer un grand séisme. La période de transition s’en est trouvé encore une fois évidement perturbée. La guerre a repris de plus belle entre les principaux acteurs politiques et sociaux. Avec une deuxième grève générale dans le pays, le 26 juillet. Et des attaques verbales à n’en plus finir. Mais aussi deux grands rassemblements de milliers de personnes pour soutenir le gouvernement (le 3 août 2013, à La Kasbah, au nom de la légitimité «Acharyia») ou demander son départ (le 6 août 2013 au Bardo pou un «Errahil»). La division fissure, force est de le constater, les rangs du tissu social. Avec une crise qui risque de perdurer!

Une grille perturbée

Le deuil décrété à l’occasion de la mort de nos vaillants militaires n’a pas manqué de perturber la grille des programmes radio-tv. Si personne ne peut critiquer nos télévisions et nos radios pour avoir respecté ce deuil, personne ne peut s’empêcher de dire que ce dernier a marqué l’évolution d’une grille souvent synonyme d’un intérêt particulier de la part des Tunisiens. Des moments glorieux de séries comme «Haj Klouf» ou d’«Omi Traki» et de «Chaneb», que les jeunes d’aujourd’hui ne connaissent pas, jusqu’aux sitcoms d’aujourd’hui, la radio et la télévision ont toujours été des attractions du mois de ramadan. Suivies quotidiennement dans un égal bonheur.

Un ramadan au cours duquel la productivité baisse d’un cran. A fortiori cette année avec quatre jours de chômage forcé : le 25 juillet, fête nationale de la République, le 26 juillet, journée de grève générale, le 27 juillet, un samedi chômé à la faveur d’une nouvelle semaine des cinq jours décrétée par le gouvernement de la Troïka, et un 28 juillet, dimanche, journée traditionnelle de repos.

Le hasard du calendrier aura voulu que les entreprises aussitôt réveillées de cet épisode se retrouvent confrontées à un autre cycle de «repos». Avec quatre nouveaux jours de farniente: les 8, 9, 10 et 11 août 2013. Fête de l’Aïd oblige. Et rebelote. Aussitôt ce cycle terminé. Voilà que l’on tombe nez à nez avec une nouvelle journée de repos pour raison d’une fête nationale, le 13 août. Certains sont tentés de faire évidement le «pont». Ils le feront. Autorisés ou non. On trouvera, comme de coutume, toujours une raison ou une autre pour prolonger le repos. Comprenez qu’ils ne reviendront que le 14 août.

Autant dire “Bonnes vacances!“ Il faut dire qu’avec la canicule, l’on ne peut que reprendre ce slogan publicitaire: «Il fait trop chaud pour travailler!»

Mohamed Farouk