Paco de Lucia et son groupe envoûtent un public endeuillé

Après une minute de silence à la mémoire des martyrs suivie de l’hymne national, le célèbre guitariste espagnol Paco de Lucia entre sur scène, face à un public nombreux. Ce virtuose interprète en solo une improvisation aux sonorités lancinantes qui sortent des sentiers battus du répertoire connu du flamenco classique.

Puis le show commence, sa troupe est notamment composée d’Antonio Fernandes Montoya, un jeune danseur aux pieds insaisissables, queue de cheval noir jais et moustache chatoyante. Ses pas de danse flamenco mettent le feu sur scène dans des mouvements incroyablement percutants ou langoureux. Son corps entier vibre, et l’on ne sait d’où la gestuelle suivant la musique démarre, de ses mains aériennes, ou de ses talons qui crépitent, menant le public presque à la transe.

Coté percussions, Israel Fueres Escobar donne le rythme au spectacle qui est résolument plein de fougue. Le deuxième guitariste n’est autre que le neveu de Paco de Lucia, Antonio Sanchez, avec qui ce dernier interprète un duo complice et émouvant.

Chaque morceau dure environ une dizaine de minutes et tour à tour les chanteurs, alliant des solos ou des duos comme venus d’un autre temps envahissent l’acropolium. Ces voix inoubliables sont celles de Rubio de Prunia, l’un des chanteurs les plus célèbres d’Espagne et David de Jacoba aussi impressionnant que passionné.

Paco a notamment joué « Zyryab » et « Soniquete bulerias » et interprété son fameux tube « Entres dos Aguas » après un bis très demandé par le public qui l’a acclamé debout pour un spectacle digne des plus grandes scènes artistiques au monde.

Pour rappel, 30 pour cent des recettes de la soirée de Paco iront au profit des familles des martyrs de l’Armée nationale et de la sécurité. La soirée de l’artiste espagnol était prévue le 31 juillet. Le changement de la programmation est intervenu suite à l’annonce d’un deuil national de trois jours, après l’assassinat de huit miliaires au mont Chaâmbi.

A l’issue du spectacle, la festivalière Mariem Hejaiej, arborant fièrement son drapeau tunisien, déclare à l’agence TAP « bien que nous soyons très peinés par ce terrible drame, nous avons tenu à venir nombreux lorsque nous avons appris que 30 pc des recettes du spectacle iront aux familles des martyrs ».

Le directeur du festival, Mourad Sakli, avait considéré, suite à ce drame que “la volonté de maintenir la programmation du festival est un message fort pour continuer à vivre, même dans la douleur, loin de la peur”.