L’assassinat du coordinateur général du Courant populaire et député de l’Assemblée nationale constituante, Mohamed Brahmi, n’en finit pas de susciter les réactions des dirigeants des partis politiques qui, à l’unisson, dénoncent avec force cet assassinat politique, le second après celui de Chokri Belaid.
Le président du mouvement Ennahdha, Rached Ghannouchi, a souligné, dans une déclaration à l’agence TAP, la persistance des tentatives de transposer le scénario égyptien en Tunisie et de pousser les Tunisiens à s’entretuer, indiquant que l’assassinat de Brahmi provoque d’autant plus un choc qu’il intervient à un moment crucial aux plans national et régional.
Ghannouchi a fait remarquer que ce qui était visé c’est en fait la stabilité du pays qui commence à connaître une période apaisée qui tranche avec les derniers développements dans la région, en référence à l’Egypte et à la Syrie. Il accuse « les ennemis de la démocratie » d’être derrière cet assassinat, considérant que le fait de désigner Ennahdha comme responsable de ce crime procède d’un plan prémédité.
Pour sa part, le président du mouvement Nidaa Tounes, Beji Caid Essebsi, a qualifié de “grande tragédie” l’assassinat de Mohamed Brahmi, estimant que cet acte n’était pas exclu après les crimes qui coûtèrent la vie aux martyrs Lotfi Naguedh et Chokri Belaid.
Caid Essebsi a indiqué à TAP que la Tunisie est entrée dans un tournant fatidique visant à faire taire les voix vives et dans une phase d’élimination physique pour faire douter des politiques suivies par certains partis. Il a ajouté qu’il était affligeant qu’un militant politique soit assassiné le jour de la célébration par la Tunisie de sa Fête de la République.
Le président et fondateur du courant Al-Mahabba, Mohamed Hechmi Hamdi, a dénoncé tous ceux qui se cachent derrière ce crime «lâche et odieux», qualifiant l’auteur de cet acte d’«ennemi de la Tunisie, de son peuple et de sa glorieuse révolution du 17 décembre 2010».
Il a appelé le peuple tunisien à faire montre de patience et de maîtrise de soi dans ce moment difficile et de rester vigilant face au risque d’instrumentalisation de ce crime odieux pour renverser le régime démocratique en Tunisie et faire basculer le pays dans le chaos et la dictature.
Abdelwaheb El Héni, président du parti El-Majd, a déclaré, pour sa part, que cet acte lâche a transformé la fête (de la République) en deuil, estimant qu’il s’agit de la poursuite de la série d’assassinats. El Héni a appelé à décréter un deuil national et à démasquer les commanditaires de ce crime politique et les milieux occultes.
Il a signalé l’existence de milices qui agressent les gens dans les rues et portent atteinte à leur honneur sur la toile.
Le secrétaire général du mouvement Ennahdha, Hamadi Jebali, a affirmé que l’assassinat de Mohamed Brahmi est un crime aggravé par sa coïncidence avec la fête de la République. “La riposte doit être radicale”, a-t-il avancé.
Le président d’Al Massar, Ahmed Brahim, a regretté que la leçon n’ait pas été tirée de l’assassinat de Chokri Belaid, appelant de ses voeux l’arrestation des criminels.
De son côté, Ridha Belhaj, porte-parole du parti Ettahrir, a souligné que l’assassinat de Brahmi, le jour de la fête de la République, comporte un message clair de ses commanditaires, faisant état d’une terrible volonté étrangère de faire avorter les révolutions arabes en allusion à certains pays du Golfe.
Belhaj s’est interrogé sur les appels au jugement de personnalités politiques et sur l’agenda auquel obéissent de tels appels.
Mouldi Riahi, président du groupe d’Ettakatol à l’ANC, a indiqué que le message derrière ce crime est clair d’autant que la blessure provoquée par l’assassinat de Chokri Belaid est encore ouverte, appelant à l’arrestation des criminels avant qu’ils ne prennent la fuite.
Wahid Dhiab, président du Parti les forces du 14 janvier 2011, s’est dit déconcerté, à un point tel, par la gravité de la situation dans le pays, que la vie et la sécurité des Tunisiens sont désormais en péril.