Samedi 29 juin devait être une date historique, autant pour les partis au pouvoir que pour les opposants, mais pas pour les mêmes raisons… La Troïka craignait une forte mobilisation des militants destouriens et rcidistes ainsi que de ceux des droits de l’Homme et de la société civile, et qui pouvait mettre en péril une légitimité et un pouvoir auquel ils s’accrochent jour après jour, les démocrates s’attendaient à découvrir de visu cette masse d’adhérents et d’engagés dans l’ancien parti du pouvoir, que tous les partis convoitent clairement ou en faisant des appels discrets du pied sans qu’on arrive à en définir le contour où à identifier le poids et le volume.
En ce dernier samedi du mois de juin que le parti Nida Tounes et d’autres ont décrétée une journée de contestation populaire contre une loi d’exclusion qui crée un précédent dangereux pour les Tunisiens de tous bords, les grands absents étaient les Destouriens et les Rcdistes. Eh non, ils ne sont pas arrivés en rangs serrés comme beaucoup s’y attendaient. Une journée test qui fut un échec pour tous ceux qui se sont opposés à cette loi, le nombre de manifestants était insignifiant par rapport à une décision contraire aux règles élémentaires des droits de l’Homme et des principes universels de justice, d’équité et d’égalité. Il semblerait que l’apathie, la lâcheté, voire même la résignation ou le renoncement l’aient emportés, laissant place sur le terrain du militantisme politique de base LPR et sympathisants Nahdha.
La mobilisation n’ayant pas rassemblé 10% des 60.000 victimes d’un ostracisme prétendument révolutionnaire. Entre des soi disant grands pontes de la politique qui sont toujours déclarés prêts à devenir les mignons de la Nahdha pour obtenir le report de la loi et ceux complètement dans le “moi/je” expression d’un égocentrisme à la limite du ridicule, dépourvus du courage et du souffle patriotique indispensable pour dépasser le je et aller vers le nous, le peuple, la nation, la Tunisie.
Ces derniers ont totalement occulté la dimension nationale de la portée cette loi et son fondement anti patriotique. Pourtant, c’est à ce niveau là, qu’il fallait la positionner car au delà des intérêts personnels et des lamentations il y allait de l’Etat tunisien, de ses institutions et de sa survie. Hassan Tourabi le morched soudanais ami et conseiller de R.Ghanouchi lui avait toujours soufflé qu’il était primordial de vider l’administration de ses substances, de l’amputer de ses compétences et surtout de réduire à néant toute notion d’État moderne pour asseoir à la place l’État islamique avec toute l’aisance requise.
Le Vaccin anti mauve…pour refiler la « bleuite » aigue…
L’intérêt et le secret de cette loi réside dans cette ambition de mettre à mort les institutions de l’État et détruire un model sociétal !!! Si l’absence des 60.000 concernés, désormais considérés de fait comme semi tunisiens étant privés de leurs droits civiques peut se comprendre et ce à force d’un effort d’indulgence à faire pâlir d’envie Boudha, nous ne pouvons faire preuve d’indulgence face aux discours de certains hauts cadres supposés représenter les élites du pays, prudents jusqu’à frôler la sournoiserie tant leurs intérêts tout à fait personnels de ne pas heurter leur allié (Nahdha) du jour prouvaient jusqu’à quel point la mère patrie était insignifiante pour eux et à quel point leur lâcheté politique court-termiste risquait de se retourner contre eux. L’exemple égyptien est bien là pour le prouver…mais il faut être plus intelligent politique pour le comprendre, plus audacieux et surtout plus amoureux de la Tunisie que de sa propre personne.
Cette loi que certains commercialisent comme le Vaccin anti mauve mais lequel en fait vous refile la “Bleuite” aigue. Car pour ceux qui en doutent, elle a été orchestrée tout juste pour créer un malaise au sein des cadres de l’administration et hauts commis de l’Etat obligés de passer par la case RCD à un moment ou un autre. Elle instaure de fait, une sous catégorie de citoyens : les rcdistes.
Et même si la loi ne vise que 60.000 sur l’énorme masse du parti, il ne serait pas étrange de voir se développer sous peu surtout chez les fonctionnaires pronahdha ou/et cpr une chasse aux sorcières encourageant ainsi la révélation de Bernardo Gui qui sommeille en chacun d’eux.
Bien sûr, la saignée au sein de l’administration sera l’occasion de mettre en place une nouvelle nomenklatura plus docile, bleue adorant les colombes et les vieux réfugiés politiques de Londres. Il est inutile d’expliquer que les fonctionnaires sont les petits rouages qui font tourner le grand rouage de l’Administration qui fait et anime cette machine qu’est l’Etat. L’administration est la clé tant convoitée pour une prise en main absolue du peuple et mettre main basse sur l’Etat en passant par le pillage du pays jusqu’à l’instauration de l’Etat islamique pur et dur.
Rym Mourali