Le président de la République provisoire, Moncef Marzouki a estimé que « la révision de système des subventions (des carburants) et son orientation vers les catégories qui en ont besoin, figurent parmi les grands défis politiques pour la période à venir», à un moment où la subvention des carburants devrait se monter à 2 990 millions de dinars (MD), pour 2013.
Dans son intervention à une conférence, organisée jeudi à Gammarth, pour le lancement du dialogue national sur l’énergie, le président a considéré qu’il ne faut «pas céder aux solutions de facilité, telles que le recours au gaz de schiste et ne pas se soumettre aux pressions des lobbies économiques, tout en développant des méthodes plus efficaces, pour l’utilisation des énergies alternatives. Il s’agit là d’autant de défis qui se posent à la Tunisie, pour réduire l’aggravation du déficit énergétique”.
Il s’est déclaré confiant en “l’intelligence collective des Tunisiens, qui sont en mesure de présenter des solutions et des conceptions à même de pallier à la faiblesse des ressources énergétiques nationales”.
De son côté, le président du gouvernement provisoire, Ali Larayedh a expliqué que « face aux perspectives limitées de développement des énergies traditionnelles, la Tunisie a besoin de se lancer dans une réforme énergétique réelle, dans le cadre d’une approche participative aux plans national et régional».
Selon lui, l’élaboration d’une stratégie dans le domaine de la maîtrise de l’énergie et des énergies renouvelables s’inscrit dans le cadre des choix primordiaux du pays, eu égard à la faiblesse des ressources énergétiques du pays, d’un côté et à sa richesse en sources d’énergies alternatives, d’un autre côté.
«Le recours aux énergies renouvelables et alternatives se présente comme l’un des choix de développement national, surtout que les expériences menées dans ce domaine, ont prouvé que ces énergies seront très rentables, à l’avenir, malgré les investissements importants qu’elles exigent», a-t-il indiqué, ajoutant que les experts prévoient la diminution du coût de ces énergies, à la faveur de l’appui mondial apporté à ce secteur.
Pour sa part, l’ancien directeur exécutif de l’Agence Internationale de l’Energie (AIE), Claude Mandil a estimé que les solutions qui doivent être adoptées par la Tunisie, dans une phase caractérisée par le changement du paysage énergétique mondial et régional, consistent en l’efficacité énergétique et la collaboration régionale dans le domaine énergétique, à travers l’interconnexion des réseaux.
La Tunisie a enregistré, au cours de l’année 2012, un déficit structurel au niveau de balance énergétique, de 1,6 Million de TEP, lequel sera de l’ordre de 1,9 Million de TEP à la fin de 2013, selon les indicateurs publiés jeudi par le ministère de l’industrie, lors du lancement du dialogue national sur l’énergie.
Selon ces indicateurs, l’indépendance énergétique du pays a régressé au cours de l’année 2012, à 80% contre 87%, en 2011. La Tunisie a commencé à enregistrer un déficit énergétique, à partir de l’année 2000.
La production nationale annuelle des hydrocarbures a oscillé, au cours de deux dernières décennies, entre 7 et 8 Millions de tep, alors que la moyenne de la consommation annuelle a enregistré une croissance de 3,1%, ce qui a crée un déficit qui s’est aggravé d’une année à l’autre.
Le volume de la subvention accordée par l’Etat au secteur de l’énergie, a atteint 2700 millions de dinars, au cours de l’année 2012 (contre 550 millions de dinars en 2010). Cette subvention représente 10,7 % du budget de l’Etat et 4% du PIB, selon les indicateurs officiels.
Le dialogue national sur l’énergie, basé sur une approche participative, vise l’élaboration d’une vision prospective claire qui met en place tous les stratégies sectorielles dans le domaine de l’énergie. L’objectif est d’instaurer une stratégie énergétique à l’horizon de 2030, permettant de réaliser l’autosuffisance dans ce domaine et garantir l’approvisionnement du pays en ressources énergétiques.
Cette stratégie est axée sur la rationalisation de la consommation d’énergie dans tous les domaines économiques, le développement des ressources nationales en hydrocarbures et la préservation de l’environnement, outre le renforcement de la connexion électrique avec les pays voisins et les pays de la rive Nord de la méditerranée.
Les grandes lignes de cette stratégie seront présentées, fin octobre 2013, lors d’une séance ministérielle, puis soumises à l’Assemblée Nationale Constituante pour approbation.
Le secrétaire d’Etat chargé des énergies et des mines, Nidhal Ouerfelli a précisé, à cette occasion, que le dialogue national se poursuivra au cours des prochaines jours, à travers l’organisation d’une séance à l’ANC pour expliquer les grandes orientations de cette stratégie outre la tenue de séances de dialogue dans les différentes régions du pays.
Des sites sociaux seront spécialement crées pour informer et recueillir des propositions sur cette question.