Les participants à la conférence internationale sur « les services de renseignement dans l’Etat de droit démocratique: Légitimation, organisation, contrôle », tenue, mercredi, à Tunis, ont mis l’accent sur la nécessité de développer le système des services de renseignement en Tunisie en phase avec les progrès technologiques et dans le cadre de l’équation : efficacité de l’action et respect des droits humains.
Au cours de cette conférence organisée par le ministère de la Gouvernance et de la lutte contre la corruption, les participants ont fait valoir que « l’incapacité de gérer fermement l’affaire de Jebel Chaambi a soulevé plusieurs interrogations sur l’efficacité des services de renseignement ».
Le ministre chargé de la Gouvernance et de la lutte contre la corruption, Abderrahman Ladgham a, à cette occasion, estimé que la mise en place d’un cadre juridique qui répond aux critères de la bonne gouvernance, de la transparence et de l’intérêt du citoyen est « la principale garantie pour éviter que le système de renseignement ne se transforme en un système d’espionnage au service d’un régime politique donné ».
Le rôle du système de renseignement est d’être au service de l’Etat et de le préserver des dangers, a-t-il soutenu. Pour sa part, le directeur central des renseignements, Atef Omrani a donné un aperçu des domaines d’action du système de renseignement qui concernent la sécurité nationale notamment la découverte et la mise en échec des actes terroristes, le contrôle des sources de financement des partis et organisations ainsi les relations qu’ils entretiennent avec d’autres parties pour être au fait des crimes et démasquer leurs auteurs.
Il a souligné le besoin “impérieux” d’instaurer un système de renseignement évolué à même de lutter contre l’espionnage, le piratage et le crime organisé qui menacent la sécurité du pays, insistant sur la nécessité de mettre en place un cadre juridique réglementant et fixant les droits et les devoirs du policier dans le cadre d’un système républicain de sécurité. De son côté, le colonel Ahmed Chiha (ministère de la Défense nationale) a évoqué le rôle du système de renseignement dans la collecte et l’analyse des informations externes aux fins de les mettre à la disposition des responsables et de prendre les décisions adéquates.
La révolution a entraîné un besoin urgent de réforme et montré l’absence de coordination entre les différents services de renseignement, ce qui réduit leur efficacité, a-t-il dit.
Le colonel Chiha a, notamment, recommandé la création d’une agence nationale de renseignement et la garantie des meilleures conditions de son fonctionnement conformément aux exigences de la bonne gouvernance et à travers une stratégie nationale de renseignement au service de l’intérêt général, outre le renforcement et la diversification des moyens techniques. La présidente du Centre de Tunis pour la justice transitionnelle, Sihem Ben Sedrine s’est interrogée, quant à elle, sur le rôle du renseignement dans la prévention de la violence qui « s’est répandue après la révolution », soulignant la nécessité de changer la mentalité des services de sécurité qui privilégie le recours à la violence “pour soutirer des informations”. Les travaux de la conférence se poursuivent durant deux jours. Son organisation intervient dans le cadre de la mise en uvre de l’accord tuniso-allemand en matière de bonne gouvernance et du renforcement de la formation dans le domaine de renseignement.