«Tunisie – ANC: Des experts au secours d’une Constitution en panne», lit-on dans un article sur Directinfo du 21 avril 2013. L’article reflète l’opinion désabusée et accablée de plusieurs tunisiens, à juste titre d’ailleurs. En réalité, La constitution n’est pas en panne car il ne faut pas être «expert» en quoi que ce soit pour accoucher de quelques articles formant une «constitution». Etre «expert» peut devenir un vrai handicap comme on l’a vu dans la «constitution» élaborée par le «super expert» Sadok Belaïd. La panne, la vraie, est donc dans les «constituants», dans leur mental, leur «niveau», leur moral et surtout leur manque flagrant de responsabilité et de patriotisme dû aux ambitions personnelles de tous et à l’endoctrinement idéologique d’un grand nombre d’élus. Des élus comme «constituants» se révélant opportunistes, vides, avides, cupides, ignares, mercantilistes et mafieux, il ne faut pas s’attendre à une «ponte d’or».
DEUX ÉVIDENCES HISTORIQUES
Il y a deux évidences que l’histoire de tous les États depuis la préhistoire jusqu’à ce jour confirme mais qu’aussi bien les constituants que les «experts juridiques constitutionnels», que les acteurs médiatiques semblent ignorer ou veulent les faire oublier par démagogie :
1)- aucune révolution n’a abouti à la démocratie. Faut-il rappeler ce qui est sorti des révolutions française, russe, chinoise, cubaine, albanaise, iranienne, portugaise, espagnole… ?
2)- Aucune constitution ne garantit la démocratie. Les pays occidentaux dits «démocratiques», le sont-ils vraiment ?
Les USA avec des présidents comme Truman, Nixon, Reagan et surtout les deux Bush et Obama, n’ont jamais été démocratiques. La France avec Mitterrand, Sarkozy et Hollande est une vrai dictature. L’Italie avec Berlusconi était pire que l’URSS de Brejnev. L’Espagne veut se débarrasser de la monarchie. La «démocratie» dans les pays occidentaux se limite au respect, jusqu’à ce jour, des rouages institutionnels électoraux. Pour résumer, ni le système présidentiel, ni le système parlementaire ni les systèmes bâtards dits «aménagés» ne garantissent une vraie démocratie.
LA «DÉMOCRATIE», C’EST QUOI, AU JUSTE ?
Réellement, il n’existe pas de définition communément admise de ce qu’est ou doit être la démocratie. Donc, l’adage remâché «la démocratie du grec ancien δημοκρατία / dēmokratía, « souveraineté du peuple », de dêmos, » peuple » et krátos, » pouvoir »» est l’euphémisme le plus démagogique jamais crée après le «sionisme». Historiquement, ce ne sont pas les grecs qui ont défini la démocratie mais bien Abraham Lincoln (16ème président des Etats Unis de 1860 à 1865), qui lança : «la démocratie est le gouvernement du peuple, par le peuple, pour le peuple », ce qui est absurde en soi, mais c’est la principale des définitions canoniques couramment reprise. Les français ont repris cette définition américaine dans l’introduction de leur Constitution de 1958 qui instaura la Cinquième République. Ce n’est pas la révolution de 1789 et ce n’est pas Robespierre.
Mais qu’a donc fait Solon ?
Solon (640 -558 av. J.-C.), c’est cet homme d’Etat athénien souvent considéré comme ayant instauré la démocratie. Autre mensonge historique. Qui est-il et qu’a-t-il fait en gros ?
Fils de l’une des plus riches et des plus influentes familles d’Athènes, riche commerçant et grand négociant, Solon s’intéressa à la politique comme on le voit partout dans le monde. La seule différence entre Solon et tous les braillards politico-argo-affairistes de chez nous qu’ils soient au pouvoir ou dans « l’opposition », c’est que l’athénien voulait sauver sa patrie, son Athènes, contrairement aux nôtres. Il est élu archonte pour 594–593 av. J.-C. Les élections existaient, donc, à Athènes bien avant Solon. A ce moment, Athènes passait par l’avant dernière phase de sa décadence finale et sa mort. L’économie étai à plat asphyxiée par l’esclavage et l’endettement usuriers des personnes. Les terres agricoles et les commercent se retrouvèrent entre les mains de quelques personnes. Au fait, c’est ce qui s’est passé aux USA maintes fois et déclencha les crises mondiales depuis 1929. Athènes perdait plus qu’elle ne gagnait ses guerres. La société athénienne n’avait plus de rien «société civile». La révolte grondait.
Socialement et économiquement, Solon abolit l’esclavage pour dettes et affranchit ceux qui étaient tombés en servitude pour cette raison. Il réduisit les dettes privées et publiques, et, peut-on dire, «nationalisa» les terres sujettes aux redevances sans entreprendre toutefois une réforme agraire» attendue par la «plèbe».
Politiquement, Solon créa «le tribunal du peuple» qui est une sorte de «cour d’appel». Juridiquement, il a aboli «les lois de Dracon» et décréta «les lois de Solon» dont le principal aspect est l’égalité de tous devant la loi.
Réformateur, Solon ? Oui et c’est le premier vrai réformateur dans l’histoire d’Athènes. Initiateur et instaurateur de la démocratie à Athènes ? Non. Les réformes de Solon n’intéressait que la « classe moyenne » pour causes économiques. Solon a conservé la hiérarchie sociale raciste en aménageant le système. Au lieu des trois classes connues, Soln en créa cinq et chacune avait ses prérogatives, ses droits, ses devoirs. Toute la population d’Athènes n’avait pas le droit aux élections. Finissons en rendant à Solon ce qui est à Solon. Homme d’Etat intelligent, patriotique et «visionnaire», Solon avait parfaitement compris qu’avant la démocratie et plus important qu’elle, il fallait une justice sociale qui touche toutes les classe et une égalité effective des citoyens devant la loi. Solon est considéré comme «le septième sage» d’Athènes. On s’étonnera et on vociféra en faisant un rapprochement entre Solon et Omat ibn AlKhattab, le second chef d’Etat de l’emire musulman : les deux étaient des dictateurs mais «éclairés», allège-t-on.
Deux autres réformateurs suivront les pas de Solon avec plus d’audace : Clisthène et Périclès sans toutefois instaurer la «démocratie». Athènes retournra à la dictature et sombrera très rapidement dans les limbes de l’histoire comme toute société «salafiste» refusant la marche inexorable du Temps.
«Les citoyens athéniens sont les premiers à penser la démocratie. Athènes est l’archétype de la cité démocratique» (Encarta 2004 ; «Athènes au Ve siècle av. J.-C. : l’invention de la démocratie (dossier)). C’est là l’un des mille et un mensonges et intox de cette «encyclopédie».
QUE VEUT-ON EXACTEMENT D’UNE CONSTITUTION ?
Tout constituer revient à ne rien constituer du tout. Il y a une grande différence entre une constitution et un code (civil, pénal, militaire …). La constitution, vu son statut national et son rôle fondateur basique, doit se limiter à trois chapitres :
1)- Définir clairement l’identité du pays et de de l’Etat selon la grande majorité de la composante démographique, son histoire, sa langue et sa culture.
2)- déclarer les droits et les devoirs du citoyen, des organisations et des partis. Ces droits sont les libertés innées et naturelles de culte, d’opinion, d’expression, d’action sociale et politique et de déplacement. Les devoirs sont la contribution à la production et la défense du pays. Les devoirs mettent les limites communément acceptées aux libertés.
3)- Stipuler dans un texte simple et clair sans ambages qui, quand, comment des personnes arrivent aux magistratures suprêmes (État, Gouvernement, Assemblée) et les quittent. Le reste, tout le reste, est affaire de personnes et non d’articles constitutionnels.
Si les personnes arrivées aux magistratures suprêmes sont honnêtes et sont convaincues que seule la transmission du pouvoir selon les rouages établis par la Constitution est garante de la stabilité et de l’essor du pays, alors la «démocratie» s’établit et devient une coutume. C’est ce qui s’est passé dans cet Occident qui nous nargue avec sa fausse démocratie.
COMMENT ÉVITER LA DICTATURE ?
En gros, trois situations facilitent l’installation la dictature :
A)- un pays en composition (naissance des empires) ou en décomposition comme fut le cas, par exemple, de la France et de la Russie après leurs désastreuses «révolutions» et le cas de l’Allemagne et de la Türkiye après leurs défaites militaires suite à la guerre 1914-18 et les pays qui accèdent à l’indépendance après une colonisation.
B)- La prise du pouvoir par les militaires.
C)- la durée dans le pouvoir même dans les régimes «démocratiques». Quand un homme ou un parti dure au pouvoir 15, 10 ou 8 ans, c’est la dictature «camouflée». Plusieurs de nos historiens affirment : «Omar n’est décédé que déjà Qoraych s’en est lassé (ما مات عمر إلاّ وفد ملته قريش)» ! Pourquoi, donc, les premiers croyants, les compagnons du Prophète et la tribu d’Omar se sont-ils lassés (fatigués) d’Omar ? Ce n’est certes pas à cause de sa modestie et de sa justice exemplaires et mythiques ni à cause de l’expansion de l’empire et de l’essor économique, ni à cause de la structuration de l’Etat et de ses réformes extraordinaires. La cause en était simplement la dictature. A part le putsch militaire, la Tunisie d’aujourd’hui n’a qu’à éviter la durée dans le pouvoir pour tous les élus et séparer vraiment les pouvoirs. Comment ?
1)- Une loi électorale qui donne une vrai majorité et une vrai minorité. Celle existante de Mbazzaa, Essebsi et B Achour fut une erreur catastrophique. Les élections doivent être nominales et non par listes. Il faut interdire le vote aux illettrés, aux malades et aux handicapés. Pas d’élections dans les hôpitaux. Pas de procuration d’élire.
2)- Elire nominalement le chef d’Etat, le Chef du gouvernement et le président de la chambre des députés. L’âge maximum est 65 ans. Le mandat pour le chef de l’Etat est de cinq ans, celui de la Chambre et des élus est de quatre ans et celui du gouvernement est de trois ans, mandats non renouvelables successivement.
3)- Le chef de l’Etat est le chef suprême de l’armée, il nomme le ministre de la Défense. Responsable de la diplomatie, il nomme le ministre des affaires étrangères. Responsable de la sécurité territoriale, il nomme le directeur général des Renseignements. Le Chef de l’Etat n’a pas le droit d’amnistie aux prisonniers et aux condamnés à mort.
4)- Le président de la chambre des députés est responsable de la justice et de la «culture». Il nomme le ministre de la Justice, le secrétaire d’Etat aux prisons et le ministre de la Culture.
5)- Le chef du gouvernement est responsable de la gestion quotidienne, de la sécurité civile, de l’économie et de l’agriculture. Il nommera les ministres de la Sécurité, de l’Intérieur (devenu ministère civil), des Finances, de l’Agriculture, de l’Enseignement … On n’a nullement besoin d’un ministère «de la jeunesse» ni celui «de la femme».
6)- Supprimer définitivement les cadres de gouverneur, délégué et omda. Les conseils municipaux et régionaux élus remplaceront ces fonctionnaires qui ne servent à rien à part servir la dictature et vivre aux crochets du citoyens.
7)- Aucune immunité pour quiconque tunisien ou étranger ne doit exister en Tunisie.