Bizerte manque paradoxalement d’eau

Plusieurs localités du gouvernorat de Bizerte qui recèle le quart du potentiel hydraulique national souffrent paradoxalement de manque d’eau.

Près de 80 établissements scolaires n’ont pas d’eau potable. Un chiffre inquiétant quand on sait que des milliers d’habitants des zones rurales et montagneuses de Sejnane, Joumine, Ghazala, Bizerte Sud et d’autres villages utilisent des eaux non traitées puisées dans des sources, rivières et puits de surface non contrôlées.

Pire encore cette eau, ils vont la chercher à des kilomètres de leurs lieux d’habitations à travers des pistes montagneuses sinueuses et ardues. La pénibilité du transport s’ajoute à la mauvaise qualité de l’eau dans ces régions marginalisées depuis longtemps.

Une situation inacceptable qui nécessite des interventions urgentes selon des membres de l’assemblée nationale constituante représentant la région toutes tendances politiques confondues en vue de permettre aux zones rurales de bénéficier au moins d’une eau saine et potable.

Le commissaire régional du développement agricole (CRDA) dresse le même constat et avance le chiffre de 100 mille habitants et 80 établissements scolaires dans ces zones rurales et montagneuses qui restent privés d’eau potable. Le taux d’approvisionnement en eau potable dans le gouvernorat de Bizerte est de 87% contre 90% sur plan national, rappelle le responsable agricole.

Une situation paradoxale dans une région qui contribue substantiellement à l’approvisionnement du pays en eau avec 658 millions de mètres cubes soit 25% du potentiel hydraulique national. La région compte six grands barrages, 24 retenues collinaires, 81 lacs collinaires, 9011 puits de surface et 411 puits profonds. Une partie des 393 m3 de ces ressources hydriques composées d’eau de ruissellement donc renouvelables est orientée à travers le canal des eaux du nord vers d’autres régions du pays pour l’usage courant et l’irrigation.

Selon le responsable du CRDA, le manque des eaux profondes dans les délégations de l’intérieur (Sejnane, Joumine et Ghazala) est la cause principale du manque d’eau potable. En outre, l’adduction des zones montagneuses au réseau d’eau potable est techniquement difficile et très onéreuse, ce qui prive des milliers de familles de bénéficier de l’eau potable.

Le ministère de l’agriculture a mis en place un plan par étape pour résoudre le problème de manque d’eau en milieu rural. Ce plan est au stade des études et des appels d’offres et prévoit d’approvisionner la délégation de Sejnane à partir du barrage de ”Zayatine” après traitement des eaux à travers une station qui sera construite à cet effet.

Ce projet, selon le responsable du CRDA coûtera 34 millions de dinars. Quelques 6300 familles soit 31 mille habitants vont pouvoir en bénéficier. Les autres zones en manque d’eau vont pouvoir s’approvisionner à travers des axes d’adduction qui seront réalisés par la société nationale d’exploitation et des distribution de l’eau (SONEDE) qui recherche actuellement des sources de financement pour réaliser ce projet destiné à 30 mille habitants, selon le même source.

Le ministère de l’agriculture prévoit d’alimenter huit zones rurales de 12900 habitants en eau potable au cours de l’été 2013. Il en sera de même pour neuf zones rurales regroupant 5900 habitants. Le responsable de la CRDA a lancé un appel aux citoyens de payer les arriérés des factures au profit des groupements d’eau.