“Le système financier tunisien fait face aujourd’hui, à de sérieux problèmes et à des contraintes, qui rendent sa réforme urgente”, tel est le constat fait unanimement par les experts réunis jeudi, à Tunis. Ils participaient à une conférence sur «le système financier tunisien entre les défis de la transition démocratique et les opportunités de la bonne gouvernance».
Le gouverneur de la BCT, Chedly Ayari, a convenu que “le système bancaire tunisien a enregistré un retard, notamment, en termes de taille des banques et de leur degré d’innovation ainsi qu’en matière d’interconnectivité du système d’information bancaire et de transparence”.
M.Ayari a relevé que plusieurs actions devraient être mises en place pour la réforme du système bancaire tunisien, tout en insistant sur le rôle du marché financier qui devra accompagner la réforme de ce système et contribuer à l’expansion de l’entreprise nationale.
Dans son intervention, l’expert économique, Moez El Joudi, a précisé que la mauvaise gouvernance des entreprises tunisiennes, notamment des banques, persiste encore et ce principalement à cause de l’absence d’une culture de bonne gouvernance dans les établissements de crédit et de guides de bonnes pratiques régissant ce secteur.
Pour M.Joudi, “cette mauvaise gouvernance est constatée même au niveau de la gestion de la Banque Centrale de Tunisie, qui doit réformer, en premier lieu sa propre gouvernance, avant de présenter les régles de bonne gouvernance aux banques”.
Parmi les autres causes de la défaillance du système du gouvernance des institutions bancaires, l’expert a évoqué “le problème de la non application des règlements, appelant à ce propos, à la mise en uvre des dispositions de la circulaire publiée après la révolution (20 mai 2011) et relative aux règles de bonne gouvernance des établissements de crédit».
IL s’agit de la constitution d’un comité de nomination chargé de la sélection des futurs administrateurs des banques et de la BCT, pour assurer essentiellement, un niveau élevé de compétences et d’indépendance, au sein des conseils d’administration.
Evoquant les bonnes pratiques appliquées dans les établissements internationaux, M.Joudi a cité principalement la dissociation des fonctions, la fixation des rémunérations des hauts responsables des banques, l’évaluation du conseil d’administration et l’application d’une charte de gouvernance et d’ethique.
Pour sa part, M.Jean François Pons, délégué aux affaires européennes et internationales à la Fédération Bancaire Française a estimé que “le système financier tunisien devra s’adapter à un environnement international complexe et exigeant, à travers l’amélioration des fonds propres des banques et de leur liquidité mais aussi de leur gouvernance et transparence”.
Et d’ajouter que “ce système devra mobiliser plus fortement l’épargne nationale et accompagner plus activement l’investissement et le développement des PME et des entreprises innovantes”.
Cette conférence a été organisée par le forum de l’économiste, la délégation de l’Union Européenne à Tunis et la Fondation Friedrich Naumann.