Tunisie : Conférence arabe sur la participation de la femme à la vie politique

La ministre des affaires de la femme Sihem Badi a affirmé, jeudi, que la loi est “le seul garant pour protéger le droit d’accès de la femme à la vie politique”.

“Il est impératif de prendre en considération la situation sécuritaire et politique dans toute action visant à encourager la femme à l’action politique”, a dit Mme Badi lors d’une conférence arabe portant que la participation de la femme à la vie politique organisée par le ministère.

Passant en revue les entraves à la participation effective des femmes à l’action politique et aux postes de décision, Mme Badi a considéré que la présence de la femme en politique, depuis la révolution, reste timide et ne répond pas aux attentes, soulignant, à cet égard, que la composition de l’actuel gouvernement ne compte qu’une seule femme ministre.

“Cette faible présence des femmes en politique est le résultat de la prévalence d’une culture d’hégémonie masculine et le reflet d’une répartition stéréotypée des rôles”, a estimé la ministre.

Elle a aussi relevé que le taux de pauvreté parmi les femmes et l’augmentation du chômage féminin sont les motifs de la faible présence des femmes en politique.

“Cette situation présente une certaine contradiction dans la mesure où la femme a atteint un taux de scolarisation et de réussite élevé en contre-partie d’une faible présence sur le marché de l’emploi”, a-t-elle encore expliqué.

De son coté la représentante de l’ONU-Femme pour la région du Maghreb, Leila Rhiwi a relevé que la démocratie nécessite la rédaction d’une Constitution qui répond aux attentes de la population et préserve ses droits. Elle a aussi affirmé la nécessité d’adopter une approche participative permettant l’expression de toutes les opinions.

Cette idée a été appuyée par Dr Rangita De Silva De Alwis, directrice du programme “the global women’s leadership”, qui affirme que le processus de rédaction de la Constitution consacre en lui-même le processus démocratique des pays qui ont connu des conflits internes et des révolutions.

Dans cette perspective, l’intervenante s’est interrogée sur les garanties prévues dans le texte de la Constitution pour l’élimination des discriminations à l’égard des femmes, appelant à adopter les mensures qui s’imposent.

Elle a aussi appelé à traduire dans la réalité la signature par la Tunisie de la levée des réserves à la convention de la CEDAW par l’adoption de lois.

“La langue n’est pas innocente et peut contribuer à la diffusion d’idées négatives qui risquent de porter atteinte aux intérêts de la femme”, a encore estimé l’intervenante qui attire l’attention sur l’impératif d’accorder une attention particulière au contenu de la Constitution dans sa dimension linguistique.

Dans la même perspective, la première présidente du tribunal administratif Raoudha Mechichi a souligné que le principe de la parité n’a pas été consacré en Tunisie, indiquant que le taux de 27% des femmes élues à la Constituante n’a pas permis de consacrer ce choix de principe.

“Il est nécessaire de mettre en place un dispositif juridique qui consacre l’égalité entre hommes et femmes”, a recommandé Mme Mechichi, appelant à une réflexion en vue de mettre en place des mécanismes qui engagent les régimes politiques à appliquer les lois favorables aux femmes et à élargir les possibilités de son accès aux postes de décision.

Plusieurs ateliers ont été organisés en marge de la conférence pour examiner des questions en rapport avec la constitutionnalisation des droits des femmes. Les axes de réflexion ont porté sur “la participation de la femme au processus de rédaction de la constitution en Tunisie”; “la levée des réserves à la convention de la CEDAW” et “les garanties d’égalité entre hommes et femmes dans le projet de Constitution”.

Plusieurs experts, venus d’Egypte, Maroc, Algérie, Jordanie, Liban et Irak, ont pris part à cette conférence ainsi que des représentants onusiens.