Tunisie – Viol d’une fillette à La Marsa : Près de la moitié des jardins d’enfants est hors la loi

Quelque 2.000 jardins d’enfants (40% de l’ensemble des jardins) seraient irréguliers. Et des inspecteurs, venus visiter certains d’entre eux, auraient été accueillis par des insultes et même un couteau.

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Un proverbe tunisien dit à peu près ceci : «Ce n’est qu’après avoir vécu une catastrophe que notre homme s’est acheté un fusil». Ce proverbe s’applique-t-il à la décision prise, lundi 25 mars 2013, par le ministère de la Femme, de fermer le jardin d’enfants de La Marsa où le viol d’une fillette de trois ans et huit mois a été révélé quelques jours plutôt?

Pourrait-on reprendre concernant ce crime cette formule bien connue: «Trop peu, trop tard»?  En raison du fait sans doute que la réaction du ministère de la Femme, qui est en charge donc de l’enfance, est peut-être bien en-deçà de l’énormité de la tragédie que vient de connaître l’enfance tunisienne dans son ensemble.

En témoigne peut-être le sit-in, organisé lundi 25 mars 2013, à la rue d’Alger, devant le siège du département de la Femme. Un sit-in au cours duquel les personnes présentes ont appelé à la démission de la ministre, Sihem Badi.

«Trop peu», parce que le cas du jardin d’enfants de La Marsa où le forfait a été accompli n’est sans doute que symptomatique de ce qui se passe dans le domaine des jardins d’enfants où l’informel a gagné du terrain. On parle de quelque 2.000 jardins d’enfants informels. Près de 40% de l’ensemble des jardins d’enfants opérant en Tunisie.

En effet, le jardin en question fait partie de ces quelques jardins d’enfants qui ne respectent pas les démarches en vigueur: le respect d’un cahier des charges. Ce jardin d’enfants, créé, selon nos sources, en septembre 2012, n’est pas en conformité avec la loi. Autre détail croustillant: le malfaiteur, le gardien des lieux, serait, selon des informations concordantes, recherché par la police depuis 2009.

Restons dans ce cadre pour assurer que les pouvoirs publics sont au courant depuis des mois de l’existence de ce type d’établissements. Le jardin en question a été, selon nos sources, déjà visité par les services concernés qui ont intimé l’ordre à la responsable de régulariser sa situation administrative.

Difficile le retour en arrière

La presse a attiré, dans le même ordre d’idées, l’attention sur l’existence de jardins d’enfants «coraniques» non autorisés, mais qui ont pignon sur rue, où on s’évertue à séparer les deux sexes en leur inculquant les préceptes du fondamentalisme wahabbite. Au vu et au su de tout le monde.

Et s’il est vrai qu’une Commission d’urgence pour suivre l’évolution du dossier a été instituée parallèlement à la fermeture du jardin d’enfants de La Marsa, il n’en demeure pas moins qu’il aurait fallu décider de fermer au plus vite –c’est-à-dire immédiatement- tous les jardins d’enfants dont la situation est irrégulière.

«Trop tard», parce qu’en pratiquant pendant des mois un certain «laisser faire, laisser passer», en fait une réelle inaction, concernant ces jardins irréguliers, on a laissé se développer une situation de non-droit qui risque de s’éterniser. En effet, et au rythme où vont les choses, il est toujours difficile de revenir en arrière.

Au fil du temps, et face à la propension à ne pas être toujours  bien fermes concernant une certaine informalité agissante, des lobbies se constituent et tiennent bon pour défendre leurs «acquis». Certains arrivent même à user de violence pour se faire entendre.

Aujourd’hui, force est de le constater, s’il s’avère que le nombre des jardins d’enfants est de 2.000, le phénomène ne peut être facilement endigué. Des inspecteurs venus visiter certains jardins d’enfants, qui ne respectent pas le cahier des charges institué pour ces établissements, auraient été accueillis par des insultes et même un couteau.

Reste que l’informel est à ce niveau beaucoup plus grave pour des raisons bien évidentes que celui qui a cours pour les étals de contrebande que l’on voit fleurir un peu partout dans notre pays et qui participe de la même logique.

Un proverbe français dit bien que «Celui qui sème du vent récolte la tempête». Jamais, à coup sûr, le blé!

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