Tunisie – Femmes et printemps arabes : Menaces à contrer et acquis à préserver

manif_femmes2011Les participantes à une conférence sur les femmes et les printemps arabes organisée mardi à Tunis ont appelé mardi à Tunis, à l’impératif de contrer les menaces qui pèsent sur les acquis de la femme tunisienne en cette étape marquante de l’histoire du pays.

L’universitaire et chercheur Belgacem Ben Amor, a pointé « le grand danger que représentent les courants salafistes du Golfe arabe ». Pour le conférencier, « ces courants constituent une réaction contre les nombreux acquis réalisés par la femme tunisienne et contre le pays qui a su tenir tête au mouvement wahabiste, en prenant l’initiative d’émanciper la femme ».

Il a tenu à rappeler, la place accordée à la femme en Islam qui est venu consacrer progressivement le principe de l’égalité homme-femme. La chercheure et écrivaine, Manoubia Ben Ghdahem, a rejeté l’idée que le projet moderniste tunisien soit colonialiste « comme le prétendent certains ». « bien au contraire, il s’agit d’un projet authentique qui souligne les caractéristiques de la civilisation tunisienne.

Un projet pour lequel tant de sacrifices ont été consentis», a-t-elle soutenu. Abordant l’égalité et la parité homme-femme, l’universitaire Faiza Skandrani, a relevé que les deux avant projets de constitution ne mentionnent pas, de façon explicite, ces deux notions.

Sur cette même question, la présidente du mouvement démocratique d’édification et de réforme Emna Mansour Karoui, a critiqué les propositions du « courant islamiste au pouvoir », relatives aux droits des femmes.

Des propositions qui, dans l’ensemble, sont contre la femme et portent atteinte à ses acquis » a-t-elle estimé. L’experte en emploi, Monia Bousarsar, a noté que malgré une législation progressiste, l’inégalité des chances entre l’homme et la femme dans le domaine de l’emploi persiste.

Elle a évoqué les résultats de l’enquête effectuée par l’institut national de la statistique (INS) qui relève une augmentation du taux d’analphabétisme des femmes, soit 25,9 contre 11,2% chez les hommes. L’enquête fait état, également, de l’accroissement du taux de chômage des femmes à 27,3% contre 15 % pour les hommes. Dans la foulée, une étude sur la femme et l’autonomisation économique élaborée récemment par le centre CAWTAR constate que le chômage touche la femme plus que l’homme.

L’étude en question parle de la précarité et de l’insécurité du travail de la femme et affirme la persistance de la discrimination homme-femme en milieu professionnel ( recrutement et promotion).

Selon un sondage réalisé par l’office national de la famille et de la population (ONFP) touchant un échantillon de 2000 femmes, outre la violence économique contre la femme, 47,1 des interviewées avouent toucher un salaire inférieur à leurs collègues hommes. La rencontre a été organisée par le mouvement démocratique d’édification et de réforme.

DI/TAP