L’universitaire Raja Ben Slama sera entendue, jeudi prochain, par le juge d’instruction près le tribunal de première instance de Tunis, suite à la plainte déposée à son encontre par l’élu du Mouvement Ennahdha à l’Assemblée nationale constituante et rapporteur général de la Constitution, Habib Khedher.
Habib Khedher avait intenté une action en justice pour “diffamation” contre Raja Ben Slama, suite à ses déclarations, en novembre dernier, sur un plateau d’Hannibal TV, dans lesquelles elle l’avait accusé d’avoir “modifié illégalement un article clé (article 26) du projet de Constitution, relatif aux libertés d’expression et d’information, en y introduisant des conditions”.
Contactée par l’agence TAP, Mme Ben Slama a affirmé avoir critiqué Habib Khedher pour avoir “modifié la version de l’article 26 après son adoption en y ajoutant des conditions”, soulignant que “la version adoptée par la commission des droits et des libertés ne mentionne aucune condition”. “Je l’ai également accusé d’abus de confiance” a-t-elle ajouté, précisant que “ce n’est nullement diffamatoire comme l’estime M. Kheder”.
Raja Ben Slama a affirmé être attachée “en tant qu’intellectuelle” à son “droit de critiquer”, soulignant que “la Tunisie a besoin de toutes ses forces vives, y compris les intellectuels, pour défendre la démocratie et le droit d’expression”.
S’indignant de faire l’objet d’un mandat d’amener, l’universitaire s’est déclarée “consternée par les humiliations subies par les intellectuels tunisiens”. De son côté, l’élu Mourad Amdouni (Mouvement Al-Chaab) a affirmé que la commission des droits et des libertés avait adopté, avec 11 voix contre 10, l’article en question qui ne pose aucune condition sur ces libertés.
“M. Khedher a modifié l’article relatif à la liberté d’expression et l’a soumis à des conditions”, a t-il précisé, soulignant sa solidarité inconditionnelle avec l’universitaire Ben Slama et sa disposition à fournir à la justice des pièces justificatives.
Lors de la séance plénière de lundi, Habib Khedher a qualifié les déclarations de Mourad Amdouni “de fausses allégations”, précisant qu’il “s’est contenté de porter plainte contre Raja Ben Slama” et qu’il “attend l’aboutissement de l’enquête”.
Un rassemblement de soutien avec l’universitaire Raja Ben Slama sera organisé mardi à la Faculté des lettres de Manouba. Un mandat d’amener a été émis, le 21 février, à l’encontre de l’universitaire et psychanalyste Raja Ben Slama, professeur de littérature arabe à la Faculté des lettres, des arts et des humanités de La Manouba.
DI/TAP