Après le coup d’arrêt du feuilleton «remaniement impossible» qu’a constitué l’assassinat de Chokri Belaïd, Hamadi Jebali, président du gouvernement de la Troïka, nous a plongés dans un nouveau suspens jusqu’à hier soir (mardi 19 février) avec son nouveau concept de gouvernement de technocrates qu’il n’a pas réussi en fin de compte à «vendre» ni aux siens ni aux autres, du reste!
Il faut se rappeler que le gouvernement de Jebali a failli éclater après presque 5 mois de discussion autour d’un remaniement ministériel qui a pris les traits d’un séisme politique et qui a fait éclater ce qui restait du CPR, mais également d’Ettakatol, un parti d’opposition !
Pour peut-être toutes ces raisons, Jebali a annoncé la couleur en exigeant un calendrier pour le parachèvement de la Constitution, la fixation des dates des élections, et en voulant un gouvernement, certes de coalition politique, mais qui se consacrerait à la préparation des élections.
Les autres conditions posées par Jebali concernent, entre autres, la dissolution prochaine des LPR que toute l’opposition démocratique exige!
Avec ces conditions, la question centrale du pays ce matin du mercredi 20 février tourne autour de la présidence du futur gouvernement !
Est-ce que le parti Ennahdha reconduira Jebali? S’il le fait, est-ce que celui-ci serait prêt à négocier ses conditions dont certaines semblent inacceptables pour le mouvement de Rached Ghannouchi? Les liens plus qu’étroits entre Ennahdha et les LPR et le CPR ne sont un secret pour personne!
De l’autre côté, les analystes n’oubient pas non plus la position inconfortable où se trouve Rached Ghannouchi ce matin après les entretiens avec Moncef Marzouki. Voilà qu’il voudrait bien se débarrasser de ce «nouvel homme fort» du pays qu’est devenu Jebali, mais il y a le risque de le voir dans quelques jours doubler à gauche du parti islamiste et constituer un nouveau parti avec les «colombes» d’Ennahdha; et tout le monde sait qu’ils sont nombreux. Le garder constitue aussi un dilemme pour RG, avec ces conditions qu’il vient de poser et avec le durcissement de l’aile dure du parti après la manifestation du samedi dernier?!
Le parti islamiste au pouvoir a en tout cas ses candidats pour remplacer Jebali. Tout le monde connaît l’ancienne candidature d’Abdellatif Mekki, et on y ajoute Mohamed Ben Salm, fidèle parmi les fidèles de Ghannouchi, et enfin Ali Laaryeedh, que le Cheikh verrait bien se saisir des «toutes» les manettes du pays après avoir maîtrisé celles du MI…
Dans les coulisses, on commence aussi à parler d’une autre alternative que le mouvement Ennahdha pourrait tenter en soudoyant Néjib Chebbi pour la primature! Ghannouchi ferait d’une pierre deux ou même plusieurs coups, si jamais cette hypothèse se confirmait! Il affaiblirait l’union pour la Tunisie naissante, il affaiblirait Nidaa Tounes par ricochet, et il donnerait une image négative de l’opposition dans l’opinion tout en garantissant pour son mouvement moins de responsabilité sur ce que fera le nouveau gouvernement.
Que demande le peuple? L’ennui c’est que ce scénario est tout à fait plausible. Pardi, suivez l’actualité?!
Ali Chetoui
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