Si ce scoop de Amal Belhaj se confirme, nous ne sommes pas sortis du marécage : le corps y est, un pieds dehors. Je n’y vois qu’un remake des gouvernements M Ghannouchi et Essebsi. Je me demande toujours : pourquoi importer un ministre ? Est-ce par manque de compétences des «indigènes», par «nécessité» de plaire à la France ou parce qu’un «Tunisien installé en France», ou ailleurs, est mieux à saisir les réalités sociales et économiques tunisiennes et le seul apte à apporter les solutions ?
Garder Noureddine EL Khadmi aux Affaires religieuses est un très mauvais signe. D’abord, cet homme n’a rien fait, ensuite, il n’a aucune fibre de ministre. C’est, donc, un clin d’œil de Jbali à qui de droit.
Sihem Ben Sedrine, ministre des Droits de l’Homme, on comprend le pourquoi mais, pauvre «Homme» et pauvres «Droits». Finalement, nous avions un «margoum» au pouvoir, nous allons avoir un tapis turc. Vouloir satisfaire tout le monde ne satisfera personne. Il paraît que la coalition Ugtt-Front populaire est exclue du nouveau gouvernement.
Première conséquence : cette coalition continuera son terrorisme et son anarchie dans « la République communiste » qu’elle a formée dans les gouvernorats «SEGSEG». La production de ciment et des phosphates sera bloquée, des routes coupées et des bâtiments administratifs, sanitaires et scolaires brûlés, saccagés et volés, les universités et les élèves instrumentalisés.
Alors, où va exactement H Jbali, surtout que son ministre de l’Emploi A Maattar (Cpr) le charge personnellement de l’échec du gouvernement, lui met tout sur le dos, se lavant, lui, de toute responsabilité ministérielle, administrative, politique et personnelles ?
Jbali fut propulsé chef du gouvernement par la volonté d’Ennahdha de prendre le pouvoir dans une période de vide et d’anarchie. En avait-il envie ou parce qu’il est Secrétaire général du parti ? Je pense que c’est par décision de R Ghannouchi. Cet homme avait un programme et pensait le réaliser par personnes interposées. En cas de réussite, c’est lui le «Mahdy» attendu, en cas de flop, c’est le chef du gouvernement. Sur le plateau de Hannibal, devant Mourou ; Y B Achour et un 3ème, A Maattar a exprimé ce que R Ghannouchi attendait de lui ou de quelqu’un d’autre. Justement, les invités se disputaient comme des coqs français à propos de concepts.
Depuis le 15 janvier 2011,nous avons entendu tellement de qualificatifs attribués au gouvernement en exercice, au gouvernement attendu et à celui «espéré» : «transitoire», «d’entente», « de technocrates », «de compétences», « révolutionnaire », «islamiste», «démocrate»… Tous les concepts utilisés sont vides de signification et chacun y fourre ce qu’il veut et ce qu’il ne veut pas. Il n’existe pas et ne peut exister un gouvernement «apolitique», de «technocrates» ou de «consensus». Démagogiques, aussi, sont ceux qui demandent «la neutralité» des ministères galériens. Les gouvernements de coalitions sont voués à l’échec (Italie, Liban, Belgique …) et plus on élargie le «tapis», plus est l’échec est catastrophique. Déjà, les explications et les extrapollations de son initiative ne sont plus l’arbre qui cache la foête, surtout après les déclarations publique de Maattar, mais bien la forêt qui veut tuer l’Arbre. Jbali n’a rien apporté de nouveau par le qualificatif, mais apportera-t-il du nouveau et du neuf pour les Tunisiens ?
Scénario 1 : Ennahdha passant à l’opposition, nous aurons plus de perturbations sociales, politiques et économiques. Une coalition de fait ou de buts verra le jour entre Ennahdha et l’Ugtt-Front populaire.
Scénario 2 : Comme Essebsi, Jbali a eu la parole et la promesse de l’Ugtt de mettre sa machine au ralenti : nous vivrons les quelques mois de la fin du gouvernement Essbsi avant l’annonce des résultats électoraux.
Scénario 3 : Après un ou deux mois d’apparente stabilité, tout le monde reprendra du poil de Phénix à l’approche des élections, reniera sa parole et ses engagements et bis …
Scénario 4 : Le mercato politico idéologique et argentier a compris, ou fait semblant de comprendre, les dangers réels qui tiennent le pays et que la libanisation, l’irakisation et l’algérisation de la Tunisie ne mettent personne, et eux avant tout le monde, à l’abri ni ici ni ailleurs.
L’avenir nous dira si Jbali est l’homme «providentiel» de la situation ou s’il est une copie de ceux qu’on connaît déjà.
Commentaire de Amad Salem à l’article Tunisie – Politique (Exclusif) : Composition du nouveau gouvernement
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