Des universitaires tunisiens ont exprimé, mercredi, leur soutien au doyen de la faculté des lettres, des arts et des humanités de La Manouba, Habib Kazdaghli qui comparaîtra demain 3 janvier devant le tribunal de première instance de La Manouba, accusé d'avoir agressé une étudiante portant le niqab.
"Nous revendiquons le non lieu dans ce procès", a réclamé Houcine Boujarra, secrétaire général de la fédération générale de l'enseignement supérieur et de la recherche scientifique lors d'un point de presse organisé au siège de l'Union générale tunisienne du travail (UGTT).
Il a ajouté que "Ce mouvement ne vise pas à intervenir dans les décisions de la justice mais à faire pression sur le ministère public qui a négligé tous les autres procès intentés par des universitaires agressés pour ne retenir que celui qui cible Habib Kazdaghli, alors que toutes les informations relatives à l'incident confirment le fait que ce sont les étudiantes portant le niqab qui ont investi le bureau du doyen".
Il a appelé à "l'assainissement et à l'indépendance de la justice", soulignant que plusieurs universitaires et représentants de la société civile se rassembleront, demain, devant le tribunal de première instance de La Manouba pour "soutenir le doyen Habib Kazdaghli et défendre les libertés académiques en particulier et les libertés publiques en général".
De son côté, Samir Cheffi, secrétaire général adjoint de l'UGTT a souligné le soutien inconditionnel de l'organisation aux universitaires, aux libertés académiques et au respect de l'intégrité des établissements universitaires. "Cette affaire n'aurait pas pris une telle ampleur s'il y avait une volonté politique claire", a-t-il regretté.
"Les tiraillements politiques et religieux doivent être traités par le dialogue et non par la violence qui menace aujourd'hui la paix sociale", a-t-il soutenu, appelant le pouvoir exécutif à ne pas impliquer la justice dans des questions qui peuvent être résolues par le dialogue. Pour sa part, Sami Aouadi de l'observatoire des libertés académiques des universitaires tunisiens a passé en revue les principaux évènements survenus au cours de l'année dernière et qui ont ciblé, depuis le 5 octobre 2011, date de la célébration de la journée mondiale des enseignants, les universitaires et les établissements d'enseignement supérieur.
"Au mois de juin 2012, nous avons recensé plus de 100 actes de violences et d'agressions morales et physiques ayant touché les libertés académiques, les programmes d'enseignement, les tenues vestimentaires des enseignantes, la séparation entre les étudiants et étudiantes dans les restaurants et autres pourtant les autorités de tutelle n'ont rien fait pour résoudre de tels problèmes", s'est-il indigné. "Nous dénonçons toute atteinte à la liberté académique et rejetons l'instrumentalisation de la justice", a-t-il dit. Intervenant à cette occasion, l'avocate Monia El Abed a expliqué que le dossier du doyen Kazdaghli comporte plusieurs lacunes juridiques, revendiquant "l'application de la loi et la levée de cette injustice". La conférence a été marquée par la présence d'universitaires étrangers venus soutenir Habib Kazdaghli.
DI/TAP