Ben Jaafar à Sidi Bouzid : Celui qui aime la Tunisie doit s’armer de patience

Dans une ambiance tendue marquée par le rassemblement d’une foule scandant des slogans hostiles au gouvernement et des « Dégage », le président de la République provisoire Moncef Marzouki et le président de l’Assemblée nationale constituante Mustapha Ben Jaafar ont appelé, lundi, les habitants de Sidi Bouzid à tenir compte des difficultés économiques de la phase de transition qui freinent la réalisation des attentes du peuple.

Lors de la cérémonie célébrant ce lundi à Sidi Bouzid, le deuxième anniversaire du déclenchement de la Révolution, Moncef Marzouki a fait part « de sa compréhension du mécontentement légitime des manifestants à cause de la lenteur dans la réalisation des revendications de la révolution ainsi que des appréhensions concernant les perspectives de développement et la continuation des crises et du désordre ».

Il a invité toutes les parties à comprendre la difficulté de l’étape au cours de laquelle le gouvernement a évalué l’ampleur des dégâts enregistrés dans toutes les institutions en raison de la propagation de la corruption et de la dictature 50 années durant.

Le président Marzouki a souligné la nécessité d’être à la hauteur de la responsabilité nationale et de respecter la volonté du peuple qui a choisi ce gouvernement, déclarant en ce sens que « ce gouvernement est issu du peuple, et est chargé de servir ses intérêts et sa révolution dans le cadre de la transparence et de la loyauté ».

Il a appelé à consacrer le 17 décembre de chaque année “fête de la révolution” et le 14 janvier “fête de la victoire”. “La Tunisie demeure forte par son armée nationale qui a protégé la révolution, par son administration, sa société civile, ses jeunes, sa réputation et son image rayonnante à l’étranger” a estimé Moncef Marzouki.

De son côté, Mustapha Ben Jaafar a prononcé une allocution au milieu des protestations, des jets de pierres sur la tribune et des slogans scandant des « Dégage ».

Dans son allocution, il a indiqué que le déplacement à Sidi Bouzid est un message de considération pour le déclenchement de la révolution à partir de cette ville. Il a rendu hommage aux sacrifices consentis durant la révolution, appelant à préserver l’image de la Tunisie et à prendre conscience que la lutte contre la corruption et la création de sources de revenus exigent des réformes profondes et une grande patience. « Celui qui aime la Tunisie doit s’armer de patience », a lancé Ben Jaafar, affirmant que le gouvernement actuel œuvre à réaliser les revendications du peuple et notant que « l’édification d’une Tunisie démocratique et développée est plus difficile que l’éradication de la dictature ».

En raison d’une grippe subite, le chef du gouvernement provisoire Hamadi Jebali s’est absenté de la cérémonie à laquelle ont pris part des membres du gouvernement et des représentants de partis politiques et de la société civile.

DI/TAP

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