Ligue des Champions d’Afrique, EST-Al Ahly – Finale (1-2) : Adieu Japon

Le rêve que caressait l’Espérance Sportive de Tunis de remporter, pour la seconde fois consécutive, et pour la troisième fois, la Ligue des Champions d’Afrique, s’est évaporé en concédant, à domicile, une défaite face à Al- Ahly d’Egypte par 2 buts à 1, en finale retour de la Ligue des Champions d’Afrique, samedi après-midi, au stade olympique de Radès. L’Espérance de Tunis comptait enrichir son palmarès par un septième titre continental (toutes compétitions africaines confondues), et prendre, ainsi, part, une seconde fois d’affilée, à la Coupe du Monde des Clubs, qui se déroulera au Japon, au mois de décembre prochain.

L’Espérance ne s’envolera, donc, pas à destination du “pays du Soleil Levant”, faute de lumière en milieu de terrain, au vu des multiples absences dans ce compartiment de jeu ainsi qu’en défense (Traoui, Derbali, Afull).

Nabil Maaloul, entraîneur de l’Espérance a reconnu, à juste titre d’ailleurs, au terme de la rencontre, l’impact de ces absences, mais, également, le rendement décevant de certaines pièces maîtresses de l’équipe.

S’agissant de la composition alignée par le coach “Sang et Or”, il convient de souligner qu’elle a réservé au public une surprise de taille. En Effet, le milieu offensif Youcef M’sakni, absent lors de la finale aller suite à son opération de l’appendicite, deux jours avant le match, et annoncé incertain pour la finale retour, a été incorporé par le staff technique qui a préféré l’aligner pour garantir davantage d’équilibre à la ligne médiane et fournir des solutions supplémentaires à la construction offensive.

Si Nabil Maaloul a bien réussi son coup auparavant, au plan tactique, en stoppant net le TP Mazembé en demi-finale et en contrant Al-Ahly en finale aller à Alexandrie, le coach espérantiste a « fauté » cette fois-ci en alignant un Youcef M’sakni amoindri au poste de play-maker et qui n’était pas, logiquement d’ailleurs, au mieux de sa forme, revenant d’une période de convalescence suite à son opération.

Tout observateur de la rencontre avait l’impression que l’Espérance évoluait à dix, n’eut été les rares incursions effectuées par le jeune talent du football tunisien en seconde mi-temps.

En défense, Nabil Maaloul a aligné Chaker Zouaghi, qui évolue au poste de pivot d’habitude, sur le couloir droit en l’absence de Sameh Derbali et du ghanéen Afull, suspendus pour cumul de cartons obtenus lors de la finale aller. Ce positionnement n’était pas approprié d’autant plus que les deux buts d’Al-Ahly sont passées par ce couloir, où était présent Zouaghi qui, manquant de compétition, ne pouvait pas objectivement stopper les attaques «ahlaouies».

Pour sa part, Al-Ahly d’Egypte a mérité amplement ce sacre après avoir copieusement dominé la rencontre bénéficiant, notamment, de la forme physique de ses joueurs, qui ont réussi, tout au long du match, à presser l’adversaire, ce qui a empêché les “sang et or” à faire progresser facilement et de manière fluide le ballon vers l’avant.

Al-Ahly a offert au public présent un jeu alléchant, basé sur des passes courtes, et sur des accélérations qui prenaient de vitesse les défenseurs espérantistes.

Rappelons que le trophée glané par Al-Ahly à Rades est le septième du genre à mettre à l’actif de ce club, qui enrichit ainsi son record et consolide son leadership africain, méritant amplement le titre de “Club du Siècle”. Al-Ahly a, par ailleurs, égalé ce soir un énième record, mondial celui là, en devenant le deuxième club de football qui participe à la Coupe du Monde des Clubs à trois reprises…après le géant catalan, le FC Barcelone.

De même, Al-Ahly, qui disputait sa 9ème finale en Ligue des Champions (dans son ancienne et sa nouvelle version), aurait évité la défaite, en finale, depuis près de 20 ans, date de son échec face à Ashanti Kotoko ghanéen, en 1983, à Koumassi (0-1).

Al-Ahly a été supérieur à l’Espérance aujourd’hui, pas uniquement sur le papier, ou au plan physique ou dans le registre tactique, mais surtout dans le volet mental. Autant de performances, de qualités et de talent, qui font que ce club mérite ce trophée.

L’entraîneur égyptien Houcem Al-Badri a surpris plus d’un en laissant sur le banc le trio expérimenté Mohamed Boutrika, Mohamed Barakat et Imed Motaab, leur préférant Sayed Hamdi, Mahmoud Abdessaid Bakhit et Walid Soliman, qui n’ont pas démérité tout au long du match.

Le coach cairote a ainsi gagné son pari et son face à face avec Maaloul. Lors de la première manche du match, Al-Ahly a surclassé l’Espérance, aussi bien au plan collectif, à travers les passes courtes dans l’axe, et en écartant sur les couloirs pour profiter du jeu de tête de « Geddou », qu’individuel via les dribbles de ces milieux de terrain et de ses attaquants.

Al Ahly a bénéficié, également, des espaces cédés, de manière incompréhensible par l’Espérance qui a laissé l’initiative à son adversaire du jour, qui a gagné la bataille du milieu de terrain, en l’absence, faut-il le souligner, de Mejdi Traoui blessé en séance d’entraînement jeudi.

Pour revenir au match, Al-Ahly a dominé la première mi-temps en occupant les espaces au milieu de terrain et en exerçant un pressing haut sur l’Espérance. Les joueurs d’Al-Ahly Houcem Ghali et Abdallah Said ont tenté leur chance en tirant des 30, 25 et 20 mètres mais sans succès, lors du premier quart d’heure. Les égyptiens étaient également menaçants à travers les “une deux” qui n’étaient pas couronnées de conclusions efficaces, en l’absence de la dernière touche.

Les joueurs d’Al-Ahly et malgré la menace qu’ils faisaient planer sur le camp adverse, manquaient de concentration à la finition. Pour ce qui est de l’Espérance, M’sakni amoindri et Njang, esseulé et isolé en attaque et bien pris par le roc Wael Gomaa, ont diminué la force de frappe des “sang et or”.

La première que s’est procurée l’Espérance a été enregistrée à la 32ème minute du match, lorsque Njang, oubliant Bouazzi à sa droite, adresse un tir écrasé qui termine dans les mains de Ikrami. Dix minutes plus tard, à la 43ème minute plus précisément, Saied Hamdi percute sur le couloir droit, où Zouaghi était introuvable, résiste et dépasse Walid Hichri, pour passer en retrait à Mohamed Néji, surnommé “Geddou” qui, se trouvant au milieu de quatre défenseurs espérantistes statiques, n’a pas tremblé pour nicher la balle dans les filets de Ben Chérifia, inscrivant ainsi le premier but de la rencontre et achevant la première mi-temps en faveur des Egyptiens.

Au retour des vestiaires, Maaloul, dos au mur, incorpore le milieu offensif Iheb M’sakni, à la place du pivot Aouadhi et les espérantistes paraissent plus entreprenants. Toutefois, c’est Al-Ahly qui est plus dangereux via Said Békhit, qui rate le K.O à la 50ème minute, lorsque Ben Chérifia, meilleur élément espérantiste sur la pelouse, moyennant une parade exceptionnelle, sauve sa cage et laisse le suspens planer encore sur le match.

Le rythme, qui montait crescendo, devient soutenu et haletant. Deux minutes plus tard, c’est le camerounais Njang, qui sur un centre de Bouazzi, adresse un tir puissant à côté des bois de Ikrami, ratant ainsi une égalisation quasi-certaine. Le combat tactique se poursuit, et Maaloul abat l’une de ses dernières cartes à la 55ème minute, en alignant à la place de Wejdi Bouazzi l’attaquant algérien Youcef Blaili, qui, dès son entrée, élimine deux joueurs et remet une passe lumineuse au camerounais Njang, qui, une fois de plus, tire à côté de la cage du gardien cairote.

De son côté, Al-Ahly procédait par contre attaques, écartant le jeu sur les couloirs, notamment, le flanc gauche et “Geddou” tente d’exploiter les centres qui lui sont adressés par Ahmed Soliman mais pêchait par excès de facilité. Au moment où les supporters s’attendaient à ce que les “Sang et or” accentuent leur pression, le tournant du match survient à la 61ème minute, lorsque le lutin d’Al Ahly, Walid Solimen, lobe le défenseur central de l’Espérance, Mohamed Ben Mansour, se trouvant bizarrement seul en défense face à deux attaquants égyptiens, et trompe d’un tir limpide le keeper espérantiste qui n’a pas démérité globalement.

L’Espérance tente de réagir et Njang le fait de individuellement, en adressant un tir puissant, mais son sans succès. Ce n’est qu’à la 66ème minute, soit au terme des deux tiers du match, que Badri opère son premier changement, en remplaçant Saied Hamdi, passeur décisif sur le premier but d’Al-Ahly, par le trentenaire Mohamed Boutrika.

Après le deuxième but encaissé par l’Espérance, les “sang et or”, étaient dans l’obligation de scorer à trois reprises pour remporter le trophée, mais au vu de leur moral, qui était au zénith avant l’entame du match et qui a atteint les profondeurs abyssales à ce moment de la rencontre, a inhibé les joueurs sang et or et les a empêché d’évoluer à leur juste valeur, dans la mesure où ils étaient abattus et démotivés.

A la 70ème minute, l’entraineur Al-Badri aligne Dominique Da Silva, qui a évolué auparavant en championnat de Tunisie au CS Sfaxien, à la place de Walid Soliman, qui a inscrit le but de la délivrance pour Al-Aly. Notons que l’Espérance de Tunis n’a obtenu son premier corner qu’à la 71ème minute. Botté par Chammam, méconnaissable aujourd’hui, la défense « ahlaouie » anticipe et dégage la balle par la tête, illustrant ainsi leur supériorité dans les airs.

Et ce n’est pas l’entrée de Khaled Ayari à la 73ème minute à la place du milieu de terrain défensif international Houcine Ragued qui allait changer la donne.

Le dernier quart d’heure du match a vu Al Ahly gérer tranquillement la rencontre jusqu’à la 85ème minute, au moment où l’Espérance parvient à réduire le score par le biais qui profite d’une passe de Blaili pour loger la balle dans les filets de Ikrami. Al Ahly bénéficie d’un penalty à la 89ème minute, lorsque Ben Cherifia s’interpose face à Da Silva de manière irrégulière. Boutrika qui exécute la sentence et le gardien espérantiste répare son erreur en stoppant la balle, d’une main ferme.

Ben Chérifia, et malgré les deux buts encaissés, a été le meilleur joueur “sang et or” sur la pelouse, en sauvant son équipe de pas moins de quatre buts, dont deux lors des 5 dernières minutes du temps additionnel ajoutées par l’arbitre marocain.

Notons que cette rencontre a été marquée par un faire-play exemplaire. L’arbitre marocain, Bouchaib Lahrech, qui a géré la rencontre d’une main de marître, n’a décerné qu’un seul carton jaune au milieu de terrain égyptien Houcem Ghali.

Voici la formation des deux équipes :

Espérance ST :

Moez Ben Cherifia, Chaker Zouaghi, Hocine Ragued (Khaled Ayari), Khalil Chammam, Karim Aouadhi (Iheb M’sakni), Joseph Njeng, Wajdi Bouazzi (Youcef Blalili), Khaled Mouelhi, Mohamed Ben Mansour, Walid Hichri, Youssef Msakeni.

Al-Ahly :

Cherif Ikrami, Wael Jomaa, Ahmed Chokri, Walid Soliman (Dominique Da Silva), Houssem Ghali, Mohamed Nagi Jeddou (Mustapaha Abdelaziz) Sayed Hamdi, Mahmoud Abdessaid Bakhit, Mohamed Nagib, Ahmed Fethi, Houssem Achour.

WMC/TAP

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