Béchir El Golli, arrêté suite aux incidents de l’ambassade américaine à Tunis, est mort jeudi d’un arrêt cardiaque après 57 jours d’une grève de la faim “sauvage”, a confirmé à l’agence TAP son avocat Adelbasset Ben Mbarek. L’avocat a déclaré que Béchir El Golli, 23 ans, serait tombé dans le coma à la prison de Mornaguia avant d’être transféré mercredi à l’hôpital Charles Nicolle. Cette « manoeuvre », a-t-il jugé, vise à “écarter toute suspicion”, à l’encontre des “responsables de son décès”.
Me Ben Mbarek accuse de cette mort “ceux qui ont arrêté El Golli et ignoré sa persistance à observer une grève sauvage”, affirmant que « la responsabilité sera imputée à tous ceux qui se révèleront coupables de négligence et de complicité ».
Une source médicale à l’hôpital Charles Nicolle a confirmé à l’agence TAP, sur place, la mort de Béchir El Golli. Après un prélèvement d’autopsie pour déterminer les causes du décès, le corps sera remis à la famille dans la soirée pour “apaiser les tensions”, a indiqué la même source, précisant que le rapport d’autopsie ne paraîtra pas aujourd’hui.
Les proches de Béchir El Golli étaient présents à l’hôpital où ont été déployées d’importantes forces de sécurité, a constaté un journaliste de l’agence TAP.
Un autre gréviste de la faim, l’étudiant Mohamed Bakhti (25 ans) serait dans un état critique et transféré au Centre d’assistance médicale d’urgence (CAMU) de Montfleury suite à une hémorragie cérébrale et des complications neurologiques, a indiqué l’avocat.
Me Ben Mbarek, membre d’un comité de défense composé de 50 avocats représentant les personnes arrêtées dans les incidents de l’ambassade américaine (entre 300 et 400 selon ses dires), a mis en garde contre la poursuite des arrestations. “Il est clair que quelqu’un doit payer. Les détenus sont sacrifiés pour satisfaire les américains”, a-t-il lancé, annonçant qu’une conférence de presse sera organisée demain au siège de l’ordre des avocats.
Des centaines de personnes ont été arrêtées dans le cadre de l’enquête sur les incidents de l’ambassade américaine. Quelque 128 individus en détention provisoire observent une grève de la faim depuis au moins un mois. Le 9 novembre, une décision du juge d’instruction près le tribunal de première instance de Tunis de libérer huit personnes accusées dans l’attaque de l’ambassade américaine a été suspendue, le ministère public ayant interjeté appel.
Quatre personnes ont été tuées et plusieurs dizaines blessées dans l’attaque de l’ambassade et de l’école américaines à Tunis, le 14 septembre 2012. Les assaillants, présumés appartenir à la mouvance salafiste, protestaient contre la diffusion, sur Internet, d’un film jugé offensant à l’Islam. L’ambassadeur américain à Tunis Jacob Walles avait adressé, le 15 octobre, un message au gouvernement tunisien, l’appelant à “mener son enquête et à traduire les auteurs et les commanditaires de cet attentat en justice”.
WMC/TAP