La polémique autour de la date du 23 octobre et son impact juridico-politique sur la fin de la “légitimité électorale” ne cesse de prendre de l’ampleur au milieu d’un antagonisme profond entre les différentes parties du paysage politique et d’une divergence de vues sur l’initiative de l’UGTT visant à réunifier les positions et élaborer une feuille de route pour échapper à la situation de tension et de crise qui prévaut dans le pays.Dans la foulée de ces tiraillements politiques, l’Agence TAP a essayé de passer au crible les visions des deux acteurs politiques, en l’occurrence le mouvement “Nidaa Tounes” et le mouvement “Ennahdha”, deux forces politiques majeures dont les relations sont marquées par une logique de divergence et de confrontation, notamment au niveau des lignes de démarcation à établir entre “légitimité électorale” et “légitimité consensuelle”
Pour Mondher Bel Haj Ali, membre du bureau exécutif du mouvement “Nidaa Tounes”, l’habilitation conférée par le peuple aux vainqueurs des élections du 23 octobre 2011 n’est ni absolue ni illimitée dans le temps.
Une telle position, a-t-il soutenu, trouve son bien-fondé dans l’accord signé le 15 septembre 2011 par 11 partis, prévoyant l’élaboration par l’Assemblée nationale constituante (ANC) du texte de la nouvelle constitution dans un délai n’excédant pas une année.
Cet accord revêt une dimension juridico-politique et morale nullement démentie, a-t-il indiqué, soulignant que la fin de la légitimité électorale le 23 octobre, ne signifie nullement jeter le pays dans le nihilisme juridique et le vide institutionnel.
Le mouvement “Nidaa Tounes”, est un mouvement patriotique, responsable et crédible, qui œuvre à garantir la continuité des institutions de l’Etat, a-t-il dit.
La légitimité consensuelle aura pour mérite d’accélérer la rédaction de la nouvelle constitution, de mettre sur pied une instance supérieure indépendante des élections et d’adopter un code électoral. Une telle œuvre ne saurait être réalisée sans la désignation de personnalités indépendantes à la tête des ministères de souveraineté, a-t-il encore ajouté.
La contre-révolution, confie le responsable de “Nidaa Tounes”, est un mouvement fomenté par les forces qui n’ont pas réussi à trouver “des solutions concrètes et efficaces” aux dossiers brûlants de l’emploi, du développement régional et du caractère civil de l’Etat.
Répondant aux accusations portées contre le mouvement “Nidaa Tounes” concernant l’existence présumée d’anciens Rcdistes dans ses rangs, M.Bel Haj Ali a affirmé qu’il s’agit bien d’une campagne tendancieuse visant la personne de Béji Caïd Essebsi. La troïka au pouvoir n’a pas à exclure les gens de la vie politique, a-t-il assuré, affirmant que seule la justice est habilitée à se prononcer sur la question.
La Tunisie est “notre patrie à tous”, a-t-il renchéri, affirmant que “Nidaa Tounes” “tend la main à tous les courants politiques afin de sortir de la situation économique critique que vit le pays.” Toutes les parties sont appelées à “faire prévaloir la raison et à œuvrer de concert à rassurer les jeunes”, a-t-il fait valoir.
Pour sa part, M.Ajmi Lourimi, membre du bureau exécutif du Mouvement “Ennahdha”, le parti boycottera le débat national de l’UGTT, auquel participera le mouvement “Nidaa Tounes”, parti taxé de “contre-révolutionnaire” qui refuse la légitimité électorale et cherche à faire entrer le pays dans une ère de vide politique”, selon ses dires.
“Nidaa Tounes” rassemble tous “les ennemis de la révolution et du mouvement Ennahdha”, a-t-il ajouté, indiquant que “le président dudit mouvement, Béji Caïd Essebsi, n’hésite pas à annoncer que la légitimité prendra fin le 23 octobre, ce qui pourra avoir des retombées néfastes sur la situation du pays”.
Le responsable d’Ennahdha a ajouté que “tout ce qui est dit à ce propos n’est que pure mensonge et tromperie”, mettant l’accent sur “la nécessité de respecter la volonté de l’Assemblée nationale constituante, source exclusive et unique de la légitimité dans le pays.” “Le 18 octobre 2012, la Troïka annoncera une série de mesures relatives à l’Instance supérieure indépendante pour les élections, la date des prochaines élections et la nature du régime politique escompté”, a-t-il conclu.
WMC/TAP