L’ambiance n’y est pas. La nonchalance, on y est habitué mais le relâchement du bon peuple, ça jamais. En lassant l’opinion, ne cherche-t-on pas à la démobiliser. Faux calcul!
Nous avons tempéré avant de diffuser notre papier le temps de vérifier qu’il s’agit d’une réflexion lucide et non de vagues propos amers. Un tour d’horizon de l’actualité et des scènes de vie dans le pays nous interpelle par l’amoncellement de certains petits indices, qui confinent à une forme de dépaysement.
On peut expliquer la morosité ambiante. L’économie n’est pas à son zénith. Les «ratages» à l’ANC se multiplient. Et puis, par malchance, c’est la deuxième fois que nous passons un été entre nous, abandonnés à nous-mêmes y compris par les plus proches, les frères algériens. C’était moins perceptible en 2011, tant les reporters étrangers suppléaient la carence de touristes. Mais cette année, la chose était flagrante et la physionomie du pays est défigurée, méconnaissable.
Et puis à la rupture du jeûne, ce gentil petit coup de canon si sympathique qui nous fait rappeler que depuis des siècles nous sommes musulmans, sur cette bonne vieille terre de Tunisie. Bizarrement il a disparu. En le faisant disparaître, veut-on également ensevelir, une partie de l’âme de ce pays qui a fait son génie national? On ne sait trop. Et, par ailleurs, les choses ne sont plus ce qu’elles étaient sauf que sur nos routes c’est toujours le même marathon d’incivilités. Et que la séance unique continue à donner du grain à moudre aux éditorialistes -bonjour les confrères et bonjour les dégâts- en mal d’inspiration. Ils s’interrogent toujours comment nos administratifs en accolant deux vacations de quatre heures, chacune, tombent sur une séance unique de 6 heures. Pour ma part, je m’y suis fait, sans m’expliquer la mauvaise humeur aux guichets qui sont clos dès 13 heures, et attention aux retardataires. On fait avec. L’ennui est que viennent s’ajouter à cela certains agissements publics déconcertants. Que nous prépare-t-on?
Célébrer sans pavoiser, ce n’est pas fortuit …il y a anguille sous roche
On persiste et on signe. Les célébrations officielles de ces marques génétiques qui ont fait notre patrimoine génétique se feront à minima, presque en catimini. Mercredi 25 juillet, on a célébré, à feu doux, sans flamme révolutionnaire, le 55ème anniversaire de la proclamation de la république, celle-là même qui, en destituant le Beylicat, a rendu la souveraineté au peuple. Et, puis, trait d’exception, pour la première fois, nous célébrons la fête de la République avec trois présidents. Le tricéphalisme, ce n’est pas ce qui pouvait nous arriver de meilleur. Cela ne nous ressemble pas. C’était propre aux démocraties populaires. Elles ont été englouties par l’histoire. C’est déroutant, une fête de la République sans le peuple mais avec une simple réunion dans une enceinte fermée, si auguste qu’elle soit.
Une célébration à huis clos, c’est incolore, inodore et sans saveurs. On a le sentiment que ça se passe chez les voisins. Célébrer la République avec quelques rubans de fanions, sur l’avenue principale de la Capitale, c’est inhabituel. Oui, oui, le fanion encore rouge pour l’instant, celui-là même dont la libération a provoqué les indépendances en cascade des Etats africains du colonialisme français, souvent par plébiscite. Exact, celui qui a été hissé à Mexico grâce au record de Mohamed Gammoudi. Oui celui-là qui a fait le vote en bloc des Etats africains pour aider à l’admission du Vietnam aux Nations unies. Enfin jusqu’à hier, il a survécu. Les trois présidents nous expliquaient hier qu’il n’y a pas de quoi s’en faire car demain, on aura la démocratie. Un agenda est en cours, semble-t-il.
Le 20 mars 2013, l’affranchissement?
On nous promet toujours. Il semble que l’instance pour les élections, composée avec des indépendants et hors portée de l’exécutif, est en gestation. Deux dates ont déjà été avancées. Le 23 octobre, les constituants rendront leur copie. C’est plausible. Le 20 mars, par contre on doit pouvoir voter. Kamel Jendoubi soutient que c’est impossible, matériellement. L’ancien président de l’ISIE en connaît un bout sur la question. Il s’exprime en expert. Alors des deux choses l’une. Ou l’on sera contraint de reporter et c’est déjà arrivé -on a bien reculé la date du premier scrutin prévu le 24 juillet 2011 au 23 octobre de la même année. Ou bien si on veut, pour le principe et la beauté du geste, s’en tenir à la même date, pour des raisons pratiques, il n’y aura pas d’autre choix que de confier le travail au ministère de l’Intérieur. L’opinion aimerait être persuadée que les promesses seront tenues, parce que les temps sont durs pour nous le peuple.
Vive les vacances… payées!
Toute peine mérite congé payé. Conséquents jusqu’au bout, nos constituants, donc, se mettront dit-on en vacances du 6 au 26 août. Ils se sont tellement escrimés en cours d’année qu’ils aspirent à un droit au repos du guerrier. Cela coule de source. Ne dit-on pas qu’à circonstances exceptionnelles, conditions de travail exceptionnelles. On peut faire une exception, une fois n’est pas coutume, voyons. Cependant, allez expliquer çà au bon petit peuple celui qui s’escrime avec la valse des étiquettes sur les étals des marchés. Allez expliquer cela aux jeunes demandeurs d’emplois… insatisfaits, c’est cela, ceux qu’on désigne comme chômeurs. De vous à moi, c’est pas la joie!
Article publié sur WMC