Le président tunisien Moncef Marzouki a déclaré jeudi son opposition de principe à l’extradition de l’ancien Premier ministre libyen Al-Baghdadi Al-Mahmoudi, incarcéré en Tunisie et réclamé par Tripoli, malgré un accord de principe conclu entre les gouvernements des deux pays.
Je reste opposé à l’extradition, c’est une position de principe, je ne peux pas signer l’extradition de quelqu’un qui risque d’être torturé ou exécuté, a déclaré M. Marzouki dans un entretien à la télévision privée Hannibal TV.
Je suis sous pression depuis quatre mois sur ce dossier, mais je suis opposé à l’extradition dans les conditions actuelles, a-t-il dit.
J’ai dit plusieurs fois à nos frères libyens qu’ils ont le droit de réclamer M. Al-Mahmoudi, comme nous avons le droit de réclamer l’extradition de Ben Ali (le président déchu tunisien réfugié en Arabie Saoudite, ndlr). Mais franchement, si Mahmoudi doit être extradé je préfère qu’il soit livré à un gouvernement élu par le peuple libyen, a-t-il ajouté.
Je ne veux pas dire par là que les dirigeants libyens actuels n’ont pas de légitimité mais puisqu’ils sont en train d’organiser des élections, on verra après, a-t-il dit. Les Libyens doivent élire en juin une Assemblée constituante.
Les autorités tunisiennes ont annoncé fin mai avoir conclu un accord de principe avec Tripoli pour l’extradition de M. Al-Mahmoudi.
La semaine dernière, le Premier ministre tunisien Hamadi Jebali a affirmé que Tripoli avait donné des garanties écrites et verbales sur le respect des droits et de l’intégrité physique de l’ex Premier ministre libyen, et un comité de personnalités tunisiennes s’est rendu en Libye et doit rendre un rapport sur ces garanties.
Ce rapport ne changera rien à ma position de principe, a cependant déclaré M. Marzouki.
Premier ministre libyen jusqu’aux derniers jours du régime Kadhafi, Al-Baghdadi Al-Mahmoudi a été arrêté fin septembre en Tunisie et était sous le coup de deux demandes d’extradition des autorités libyennes. La justice tunisienne a répondu favorablement à ces deux demandes, mais seul le président tunisien peut signer le décret d’extradition.
(Source AFP)
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