Derrière un grand monsieur timide et calme se cache le gouverneur de Normalland, un blogueur qui avait commencé à créer un nouveau monde sur son blog dès 2006. Wissem Tlili, 34 ans, assis dans un fauteuil à l’hôtel International, raconte comment sa vie a changé depuis qu’il a rejoint l’équipe des conseillers de Moncef Marzouki.
Wissem avait pourtant des réticences avec tout ce qui concernait la présidence sous Ben Ali qu’il caricaturait avec humour et cynisme. Normalland, c’est la société tunisienne, conformiste malgré elle et suivant la norme imposée par la dictature. Aujourd’hui Wissem est devenu conseiller chargé de la culture auprès du nouveau président de la République. Comment en est-il arrivé là ? Assez simplement, car sous ses dehors de jeune homme sérieux, le gouverneur de Normalland est atypique. Artiste de cœur, réalisateur de métier, il s’amuse à contourner la censure par des écrits satyriques et tient une sorte de journal quotidien sur son blog. Il inventera également le blog de Boudourou, une sorte de prix Pulitzer à l’envers, qui se moque des absurdités des « médias mauves», les médias sous la censure, en leur décernant le prix des «journaux à deux sous ».
Pourtant Wissem Tlili est bien plus qu’un simple blogueur. Originaire de Djerba, il suit un parcours d’abord classique, décroche un BTS d’informatique de gestion et un master en lettres dans une université parisienne. Doctorant en anthropologie politique, il poursuit parallèlement sa passion : la réalisation, en participant au concours de la prestigieuse école française de cinéma : la Fémis. La réalisation reste la première passion pour Wissem, qui monte pour la première fois de sa vie les marches du festival de Cannes avec son court métrage Perversions en 2006, un court-métrage satyrique sur les méfaits de la Télé-Réalité. Il est politisé mais se tient à l’écart d’un engagement militant jusqu’à la chute de Ben Ali.
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