«Si on m’oblige à porter le niqab ou un voile, je me suiciderai»; «si on m’oblige a être une troisième épouse, je fuirai sans jamais revenir»; «si on porte atteinte à nos droits, je partirai faire des études à l’étranger et ne reviendrai plus jamais»…Qui n’a pas entendu pareils propos depuis quelques semaines ou mois?
Yesmine a 16 ans. Lycéenne, brillante sportive, intelligente, dynamique, elle ressemble à toutes les jeunes filles de son âge, ou presque. Elle est certes privilégiée mais comme elle, toutes les filles, les nièces, les sœurs, les tatas, tatis et khalti ont conscience qu’elles sont femmes comme dans très peu de pays arabo-musulmans.
Elles se savent menacées dans leurs droits et résistent, qu’elles soient potières de Sejnane en continuant à faire leurs poupées, ou qu’elles vivent dans des milieux ruraux continuant à cueillir les olives et travailler la terre. Elles triment pour faire bouillir la marmite familiale. Les questions de répudiation, d’héritage, de polygamie, elles y ont peu de temps à accorder.
Les Tunisiennes sont des battantes. Partie prenante durant la révolution, elles sont de tous les combats pour la construction du pays. Etre femme et Tunisienne est au delà de la fierté, une attitude, une façon d’être et de vivre, de penser et de s’identifier. Une «tunisianité» féminine qui reste singulière dans une région du monde où les pressions sociétales sont encore très lourdes.
Pourtant, en ce deuxième 8 mars postrévolution, la situation a changé. Les femmes sont-elles aussi satisfaites qu’il y a un an en se libérant de la dictature? Ont-elles peur? Sont-elles menacées? La révolution se retourne-t-elle contre elles? Les droits acquis par les Tunisiennes sont-ils faciles à abroger? Se focalisent-elles contre des peurs injustifiées?
Par Amel Djait
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