Plusieurs milliers de personnes ont manifesté jeudi devant le siège de l’Assemblée constituante à Tunis pour la défense du statut de la femme tunisienne, l’un des plus avancés du monde arabo-musulman, et pour mettre en garde contre tout retour en arrière, a constaté l’AFP.
Je suis venue pour dire à nos élus que les droits de la femme tunisienne doivent être inscrits dans la Constitution. Il y a une pression contre nous, un vrai danger, a déclaré à l’AFP Jelila Bellalouna, une professeur d’instruction religieuse venue de Sousse (sud-est).
Les 217 élus de l’Assemblée constituante ont commencé la semaine dernière le travail de rédaction de la future Constitution. La référence à la charia (loi islamique) dans le texte en gestation, souhaitée par les islamistes, suscite d’âpres débats et l’inquiétude des modernistes.
Il faut rester vigilant, c’est bien de faire comprendre aux élus qu’il y a des lignes rouges à ne pas franchir, et les droits de la femme en sont une, a estimé Samir Bettayeb, membre du parti de gauche Ettajdid.
De nombreux manifestants s’étaient aussi drapés dans le drapeau tunisien pour exprimer leur émotion après un incident survenu la veille à la faculté des Lettres de la Manouba, où un groupe d’islamistes radicaux a abaissé le symbole national pour hisser à la place le drapeau noir des salafistes.
Je ne sais si c’est du mépris, de l’arrogance ou de l’ignorance, mais c’est un incident d’une gravité sans nom, s’est indignée une professeur, Boutheina Ayadi.
C’est une femme, une étudiante, qui est allée remettre le drapeau, c’est un beau symbole, a souligné un manifestant.
Les autorités ont condamné l’incident, mais le ministre de l’Enseignement supérieur Moncef Ben Salem, tout en jugeant le geste inacceptable, a renvoyé dos à dos les salafistes et l’administration de l’université.
(Source AFP)
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